violences LGBTphobesMaltraitance infantile : l'affaire de Noyelles, aussi celle de l'homophobie intrafamiliale

Par Nicolas Scheffer le 12/09/2022
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Les parents d'une famille de Noyelles-sur-Lens (Pas-de-Calais) sont accusés par trois de leurs dix enfants de mauvais traitements. Et une fois encore, l'homophobie est de la partie…

"Je subissais du harcèlement physique et moral, et des insultes homophobes parce que je suis gay... Je me sentais en danger. Alors, dès qu'on m'a dit de partir, je n'ai pas cherché midi à quatorze heures, je suis parti." C'est en ces termes que l'aîné, âgé de 24 ans, d'une fratrie de Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais, dans les Hauts-de-France) décrit dans Libération le calvaire dont il témoigne avoir été victime au sein même de sa famille. Cet été, il a accompagné deux de ses neuf frères et soeurs pour déposer plainte, le 28 août, contre leurs parents, dont les autorités ont annoncé ce lundi 12 septembre qu'ils sont renvoyés devant la justice pour "violences sur mineur de 15 ans par ascendant".

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C'est Bryan, 21 ans, qui après une dispute avec l'une de ses soeurs a décidé de lever l'omerta qui régnait au sein de la fratrie, faisant état de coups et de sévices de la part des parents sur leurs dix enfants, âgés de 4 mois à 24 ans. Les policiers intervenus au domicile familial ont ensuite notamment "constaté que deux enfants de deux et cinq ans" se trouvaient "attachés à des chaises hautes, pour ne pas qu'ils bougent", et dans un "état d'hygiène déplorable", a expliqué le parquet.

Le témoignage choc de Bryan

"Il y a eu aussi l'homophobie pour mon grand frère, qui est homosexuel, et qui a eu le malheur de l'avouer à ses parents", a encore détaillé Bryan ce dimanche sur TF1. Dès lors, selon lui, les insultes homophobes ont fusé : "Ma mère à dit à mon frère 'va laver ton cul sale pédé'", poursuit-il. En 2015, lorsque la famille est convoquée au commissariat après que l'aîné s'est confié à l'assistance sociale, les parents auraient même averti les enfants de passer sous silence cette ambiance de violente homophobie : "Juste avant d'aller au commissariat, ils nous avaient lavé le cerveau. Ils nous disaient de dire qu'ils respectaient notre grand frère, son choix homosexuel. Si on parlait, ils nous mettaient au foyer."

Reconnaissant des violences, le couple de quadragénaires nie en revanche l'intensité de celles-ci décrite par leur fils. Fin août, ils ont été placés en garde à vue puis présentés devant un juge qui a demandé un contrôle judiciaire avec interdiction d'entrer en contact avec leurs enfants, en attendant leur procès prévu pour janvier 2023. Une "enquête administrative", a annoncé le gouvernement, va par ailleurs être menée sur les "défaillances" de la prise en charge de la famille, connue des services sociaux depuis 2013.

SOS homophobie alerte

Cette affaire vient rappeler les difficultés soulignées, rapport après rapport, par SOS homophobie sur le plan de l'homophobie intrafamiliale. L'an dernier, l'association alertait d'ailleurs spécifiquement sur les difficultés engendrées par les différents confinements pour les personnes LGBTQI+ coincées avec leur famille. Ainsi, le rapport 2021 portant sur l'année précédente notait une hausse des signalements d'agressions dans la famille et le voisinage. Dans 47% des cas de violences intrafamiliales, les jeunes LGBTQI+ subissent des insultes, et dans 78% des cas du rejet.

L'association rappelle donc l'importance des sessions prévues à l'école de formation aux discriminations. Outre l'apprentissage aux enfants de l'existence des LGBTphobies, ces temps dédiés à l'échange sont aussi une occasion de partager son vécu, et d'alerter les pouvoirs publics lorsque c'est nécessaire.

Si vous subissez des violences au sein de votre famille, vous pouvez appeler gratuitement le 119,
tous les jours et à n'importe quelle heure (l'appel n'apparaît pas sur la facture téléphonique).

Si vous êtes victime d'homophobie au sein de votre famille,
vous pouvez également joindre le 06 31 59 69 50 pour être mis en relation avec la fondation le Refuge.

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Crédit photo : Xose Bouzas / Hans Lucas / AFP