Abo

reportageToulouse : dans la capitale du rugby, la communauté a ses piliers

Par Nicolas Scheffer le 21/10/2022
Toulouse, ville queer

Pendant que les milieux militants multiplient les plaquages un peu partout en France, à Toulouse, la communauté LGBTQI+ reste soudée. Que ce soit pour organiser la Pride, bousculer les pouvoirs publics, ouvrir des lieux dédiés, ou encore faire la fête.

Photographie Gabin Fueyo avec Lova Ladiva et l’équipe de rugby LGBTQI+ Tou’Win

“Les filles, j’en peux plus, je vais pisser.” Entre deux tubes de Beyoncé, combien de fois ai-je prononcé cette excuse au Shanghai club pour quitter son rez-de-chaussée hétéro et rejoindre, dissimulé par les volutes de la machine à fumée, le sous-sol et son espace “men only” – seul endroit où l’adolescent dans le placard que j’étais pouvait voir des hommes danser ensemble, se galocher, ou tout simplement passer du bon temps. Ainsi, l’espace de quelques minutes, mon orientation sexuelle, qui me semblait si compliquée à assumer, devenait un non-événement.

À lire aussi : "Il y a comme une habitude de solidarité" : Lille, grand-place queer

Quand, plusieurs années plus tard, au détour d’une balade dans le centre-ville de Toulouse, je suis tombé sur un panneau annonçant la vente de la discothèque, c’est un pan de mon adolescence que je voyais bradé à un promoteur immobilier. Quelque 500 m plus loin, un autre établissement, Le Beaucoup, dont la terrasse était un safe space où l’on pouvait embrasser son copain et défier le regard des passants, a été remplacé par un bar à tapas sophistiqué. Aussi, le dimanche matin, à deux pas du marché Saint-Aubin, où l’on se rend en famille, le long du canal du Midi, on ne trouve plus sur le trottoir en face du Grand Cirque de cotillons ou de préservatifs encore emballés, témoins des nuits chaudes qui avaient lieu derrière cette porte blindée que je n’ai jamais osé franchir....