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sportDes femmes trans exclues des compétitions internationales féminines d'athlétisme

Par Quentin Martinez le 25/03/2023
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La fédération internationale d'athlétisme a pris la décision d'exclure des compétitions féminines, à partir du 31 mars, les femmes trans qui ont connu une puberté masculine, tout en promettant de continuer à travailler sur la question de l'inclusion des athlètes trans.

"World Athletics a décidé d'exclure des compétitions féminines internationales les athlètes transgenres femmes qui ont connu une puberté masculine." Dans un communiqué publié le 23 mars, la fédération internationale d'athlétisme a annoncé que dès le 31 mars 2023, les femmes trans concernées par ce critère ne pourront plus participer aux compétitions officielles d'athlétisme de haut niveau. Un virage important dans sa politique d'accueil des athlètes transgenres qui, s'appuyant sur les taux de testostérone, s'accompagne également d'un durcissement des conditions d'inclusion des athlètes intersexes.

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En janvier, la fédération avait annoncé la tenue d'un groupe de travail pour modifier le règlement existant. Jusqu'à présent, la participation d'athlètes féminines trans était autorisée à la condition qu'elles régulent leur taux de testostérone, supposé leur conférer des avantages athlétiques. Même si pour l'heure, le peu d'études existant sur ce sujet se contredisent. Au Canada, le centre de recherche pour l'équité des genres dans le sport E·Alliance s'est intéressé aux différences de performances chez les athlètes trans féminines. Son rapport, publié en 2022, conclut que "les éléments existants indiquent que les femmes transgenres ayant suivi un traitement de suppression de la testostérone n'ont pas d'avantages biologiques clairs par rapport aux femmes cis dans le sport de haut niveau". Quant au sujet de la puberté, poursuit le rapport, "plusieurs études font allusion aux avantages de performance dérivés de l'exposition à la testostérone pendant les périodes clés du développement (c'est-à-dire la puberté). Cependant, (…) rien dans la littérature scientifique ne soutient que ces facteurs confèrent un tel avantage".

D'un autre côté, le comité médical de la fédération internationale de natation (Fina) assurait en juin 2022 la persistance de certains avantages malgré les traitements hormonaux. Cette étude-là faisait suite au cas de Lia Thomas : en mars 2022, cette étudiante de 22 ans était devenue la première nageuse transgenre à remporter un titre universitaire aux États-Unis. Elle avait alors été accusée de bénéficier d'un avantage physiologique en tant que personne trans. La Fina a par la suite créé une troisième catégorie pour les femmes trans, sans convaincre qu'il s'agisse d'une réelle solution pour l'inclusion des athlètes trans.

Les athlètes intersexes privés de Mondiaux

Mais le président de World Athletics, Sebastian Coe, retient que "pour beaucoup, les preuves que les femmes trans ne conservent pas un avantage sur les femmes biologiques sont insuffisantes". Et de défendre des "mesures claires" prises pour "protéger la catégorie féminine" d'athlétisme pendant que la fédération planche sur un groupe de travail chargé de "considérer une possible inclusion plus tard".

World Athletics durcit au passage le règlement imposé aux sportives intersexes, qui doivent désormais maintenir leur taux de testostérone sous le seuil de 2,5 nmol/L pendant deux ans. Les règles actuelles permettaient de concourir en catégorie féminine en conservant un taux maximal de testostérone de 5 nmol/L pendant six mois. Pour les treize athlètes intersexes recensées qui concouraient déjà dans la catégorie féminine, la fédération propose toutefois de faire diminuer leur taux de testostérone sous le seuil demandé pendant 6 mois au lieu de 24. Une proposition qui les exclut d'office des Mondiaux de Budapest, en août, mais qui leur permettrait de participer aux Jeux olympiques. Comme la double championne olympique du 800 m, Caster Semenya, les douze autres athlètes intersexes refusaient jusqu'alors de prendre un traitement hormonal, préférant concourir dans des épreuves autorisées. Mais ces dernières n'existeront plus, la fédération ayant élargi l'encadrement des taux de testostérone à toutes les épreuves et plus seulement aux courses.

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Crédit photo : Unsplash