[Rencontre à retrouver chez vos marchands de journaux dans le dossier BD du têtu· du printemps] Treize ans après Le bleu est une couleur chaude, Jul Maroh multiplie les projets de bandes dessinées, de romans graphiques et autres illustrations. Autant d’occasions d’affirmer son identité queer et ses combats transféministes. L'artiste nous a ouvert les portes de son atelier et dessiné, à l'occasion des dix ans du mariage pour tous, un poster inédit célébrant nos luttes.
Photographie Audoin Desforges pour têtu·
Cet après-midi d’hiver, Jul Maroh ouvre les portes de sa résidence d’artiste, studio aménagé de la Cité internationale des arts, dans le 4e arrondissement de Paris, où le dessinateur niche depuis quelques mois, solitaire. Dans l’angle du séjour, un portrait aux teintes pastel posé sur un chevalet. Le bleu est une couleur chaude, affirmait le titre de son premier roman graphique paru en 2010 chez Glénat, devenu un classique de la BD queer francophone (et adapté au cinéma avec un male gaze assumé sous le titre La Vie d’Adèle). “Je suis toujours fier ce livre. C’est une œuvre d’ado ; j’ai commencé à l’écrire quand j’avais 19 ans”, rappelle l’artiste entre deux gorgées d’infusion aux plantes. La tumultueuse histoire d’amour d’Emma et Clémentine est le premier succès lesbien de la BD française. Elle est ancrée dans le Nord, Jul Maroh ayant grandi dans le Pas-de-Calais, à côté de la forêt de Vimy et de ses cratères d’obus, sur une terre de terrils noirs. ...
