mondeTrop gay pour la Russie de Poutine, Noureev interdit de représentation au Bolchoï

Par Quentin Martinez le 20/04/2023
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La politique homophobe, toujours plus dure, de l'État russe dirigé par Vladimir Poutine, frappe tous azimuts. Accusé de "propagande LGBT", le ballet de Kirill Serebrennikov retraçant la vie du célèbre Rudolf Noureev vient d'être interdit au théâtre Bolchoï de Moscou en raison de l'homosexualité du danseur disparu il y a trente ans.

Le célèbre théâtre du Bolchoï subit à son tour les effets de la répression homophobe en Russie. "Le spectacle Noureev est retiré du répertoire à cause de la loi sur la propagande des valeurs non traditionnelles", a annoncé ce 19 avril Vladimir Ourine, directeur de la scène la plus prestigieuse de Moscou, située à quelques encâblures du Kremlin. Le régime de Vladimir Poutine reproche en effet au ballet de Kirill Serebrennikov de ne pas passer sous silence l'homosexualité du danseur Rudolf Noureev.

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Noureev déjà annulé au Bolchoï

Cette censure n'a hélas rien de surprenant. Alors que la loi russe interdit depuis 2013 la "propagande LGBT" auprès des mineurs, l'autocrate du Kremlin a encore durci l'homophobie d'État ces derniers mois. Désormais, il est interdit de faire "la propagande de relations sexuelles non traditionnelles" auprès de tous les publics, et sous n'importe quelle forme. Et c'est exactement ce que le pouvoir moscovite reproche au ballet Noureev, qui retrace la vie du danseur classique soviétique ayant fui l'URSS en 1961 pour devenir l'un des plus grands chorégraphes russes de l'histoire. Directeur du Ballet de l'Opéra de Paris dans les années 1980, il y resta chorégraphe jusqu'en 1992, avant de mourir du sida en 1993, sans avoir caché son homosexualité.

La première de Noureev au Bolchoï avait déjà été annulée à la dernière minute en 2017. La raison avancée à l'époque était un manque de préparation des artistes, mais d'aucuns avaient déjà évoqué des pressions de la part du pouvoir. Il avait alors fallu attendre plusieurs mois pour que la représentation puisse se tenir, mais sans la présence de son créateur, Kirill Serebrennikov étant à l'époque assigné à résidence car accusé de détournement de fonds publics. Renvoyé par la suite de la direction du Centre Gogol, le metteur en scène s'est finalement exilé à Berlin en 2023, avant l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes.

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Crédit photo : Dominique Faget / AFP