Broderies, cruising, usure du couple et fétiches sexuels s’entrecroisent avec douceur et poésie pour raconter les états d’âme du personnage principal de Drunken Noodles, du réalisateur argentin Lucio Castro. Une projection du film est prévue dans le cadre du Festival du film de fesses au Reflet Médicis, ce samedi 28 juin, à Paris.
Les premières scènes sont saisissantes de sensualité brute. Adnan, qui débarque à New York pour un stage dans une galerie d’art, rencontre Yariel, un livreur de repas à vélo. Ils se tournent autour, baisent dans un parc et rentrent ensemble… Malgré la simplicité de ce pitch, Drunken Noodles est loin d'être une histoire linéaire. La narration propose des sauts dans le temps au gré des souvenirs et pensées de son héros, laissant au public le soin de recoller les morceaux et de construire sa propre relation au personnage. Son réalisateur, l'Argentin Lucio Castro, avait usé du même procédé pour Fin de siècle, son premier film, sorti en France en 2020.
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L'ensemble du projet est inspiré par ce plat de nouilles thaï roboratif qu’on ingurgite les lendemains d’excès. "En 2024, j'ai décidé que je voulais réaliser un film pendant l'été et qu’il s'appellerait Drunken Noodles, sans que je sache vraiment pourquoi, nous a expliqué Lucio Castro lors de la présentation de son film à l’association de cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid) lors du Festival de Cannes 2025. J’ai repensé à ma rencontre il y a quatre ans, dans une galerie d'art, avec un artiste – ça ne s'est pas passé comme dans le film, c'est important de le préciser – dont les œuvres brodées ont quelque chose de très enfantin, mais aussi de très sexuel, et se réfèrent autant à Alice au pays des merveilles, qu'au Magicien d'Oz, à Batman et Robin, à Frankenstein… J'ai adoré ce mélange très frais et assez bizarre. Je suis allé chez lui pour l'interviewer dans l’idée de faire un documentaire poétique avec de la fiction."
Il y a en effet dans le cinéma de Lucio Castro la volonté de traiter des amours homosexuelles avec sérieux et poésie, sans omettre les rencontres sensuelles et sexuelles. "J'ai toujours aimé ces échanges dans l'obscurité et la façon dont le cruising a façonné notre expérience queer et notre rapport au monde, note-t-il. Je trouve en fait très beau que les villes aient ces portails cachés, parce que le sexe est une connexion intime magnifique, et l'idée que cela se passe tout près de nous dans cette partie cachée de la cité a quelque chose de très beau."
Avec Drunken Noodles, le cinéaste argentin continue donc de lier sentiments, sensations et sensualité, et prouve une fois de plus sa maîtrise de l'image, dont la beauté ne manquera pas de séduire son public.
Crédit photo : ACID