Marche des fiertés"I am What I am" : un séminaire sur les droits LGBT à Bruxelles

Par Jérémie Lacroix le 30/11/2016
Comité des régions Parti socialiste européen promouvoir les droits LGBT au niveau local

Hier, plusieurs élus du Parti socialiste européen (PES) se sont réunis à Bruxelles pour réfléchir à la manière de promouvoir les droits LGBT au niveau local.

C'est une institution peu connue de l'Union Européenne (UE) qui organisait hier un grand séminaire pour promouvoir les droits LGBT au niveau local : le Comité des régions. Cet organe consultatif est composé d'élus locaux et régionaux (maires, présidents de région...). Il travaille de manière coordonnée avec les autres organes de l'UE que sont notamment le Conseil, la Commission et le Parlement. Le Comité des régions donne son avis sur la législation européenne ayant des incidences directes sur les régions et les villes (éducation, santé, emploi...). En somme, il tente de faire pression - à la manière d'un lobby - sur les législations qui seront prises au niveau communautaire.

Améliorer la vie des personnes LGBT

Le PES, en coopération avec Rainbow Rose - le réseau LGBT du parti -, organisait hier au Comité des régions le séminaire "I am What I am" durant lequel de nombreux intervenants ont échangé sur les meilleures pratiques ainsi que sur les actions à mener pour améliorer la vie des personnes LGBT au niveau local. Ainsi, ont été abordés des thèmes aussi divers que le harcèlement scolaire, les discriminations à l'embauche et dans les services publics ou encore la prévention des crimes de haine, que subissent en premier lieu les personnes LGBT. Helena Dalli, la ministre maltaise du Dialogue social, de la Protection des consommateurs et des Libertés civiles, a ouvert le séminaire en évoquant le cas de Malte qui en l'espace de cinq ans est passé de l'interdiction du divorce aux couples hétérosexuels à la promulgation de l'une des lois les plus progressistes sur la question de la transidentité.
Mais cette grand messe des élus locaux du PES n'était pas que l'occasion de se gargariser entre politiques du même bord. Certains, comme ce député bruxellois, ont questionné les manquements des socialistes quant à la défense des valeurs humanistes, et à leur renoncement à mener des combats progressistes. "A l'heure de la montée des populismes à travers l'Europe, à l'heure du retour d'une morale discriminante, qu'allons-nous proposer ?", s'est-il exclamé. Un avis partagé par un autre élu présent dans l'assemblée, lequel se demandait "pourquoi y-a-t'il au niveau de l'Union Européenne des exigences économiques fortes mais pas sociales ou en terme d'égalité des droits ?"

Le rôle progressiste de la gauche

Pour autant, de nombreux participants ont reconnu que sans les efforts des partis de gauche ce genre de séminaire portant spécifiquement sur les droits des personnes LGBT n'aurait pas lieu et que les législations n'auraient pas évolué à travers l'Europe en l'espace de 15 ans. Mais il est vrai qu'il reste beaucoup à faire et que les droits, durement acquis, sont fragiles. Malgré cela, l'optimisme prévaut parmi les membres socialistes du Comité des régions. Ainsi, Kevin Peel - conseiller municipal de Manchester et militant LGBT de longue date - nous explique en quoi le niveau local peut fortement influer sur le bien-être des personnes LGBT :

Comité des régions Parti socialiste européen promouvoir les droits LGBT au niveau local
Kevin Peel

Pouvez-vous me donner des exemples de ce qui a été fait à Manchester pour promouvoir les droits LGBT et lutter contre les discriminations ?

La ville de Manchester est assez incroyable pour cela. Dans les années 80, alors que le gouvernement de Margaret Tatcher introduisait la section 29 pour bannir tout ce qui faisait la "promotion" de l'homosexualité, le conseil municipal de Manchester – socialiste de longue date – prenait le contre pied de cette législation pernicieuse pour défendre les droits LGBT. Par exemple, nous avons un forum annuel entre les services municipaux (police, services sanitaires, éducatifs...) et la communauté LGBT (associations, militants...). Nous finançons des associations pour faire de la prévention sur la santé sexuelle ainsi que la Pride de Manchester, l'une des plus importantes du pays. Nous avons également un politique d'embauche LGBT-friendly...

Y-a-t'il eu une forte opposition à la mise en place de ces mesures où cela s'est-il relativement bien passé ?

Nous avons de la chance à Manchester car nous avons une communauté LGBT importante et qui sait se mobiliser. Mais bien sûr, nous avons rencontré un peu d'opposition notamment de figures locales conservatrices. Mais pas tant que ça.

Pensez-vous que des initiatives comme ce séminaire puissent réellement contribuer à améliorer la vie des LGBT alors même que les lois nationales sont parfois loin d'être pro-LGBT ?

Durant la deuxième table ronde du séminaire, vous avez entendu Peter Bossman, le maire de Piran – une petite ville de Slovénie. Dans ce pays, deux tiers de la population a voté lors d'un référendum contre l'égalité devant le mariage. Seules deux ville, dont Piran, ont voté majoritairement pour. Je pense que ce type de leadership fait vraiment la différence et est précieux pour faire avancer la cause LGBT.
Sinon, de nombreuses régions, comme l’Estrémadure en Espagne qui lutte contre le harcèlement en milieu scolaire, sont à l'origine d'initiatives tangibles et reproductibles dans d'autres endroits de l'Union Européenne.

Vous dites que ces leaders locaux font du lobbying auprès des autorités pour tendre vers plus d'égalité, de tolérance et de protection ?

En effet, ils leur montrent le chemin. Et je pense que beaucoup de gens ne connaissant pas les possibilités qui s'offrent à eux et les réseaux auxquels ils peuvent faire appel pour les aider à combattre les discriminations et à rendre la vie des personnes LGBT plus facile au niveau local. C'était un peu le but de ce séminaire : voir ce qui se fait ailleurs, quelles sont les meilleurs pratiques et tenter de les appliquer chez soi.