Marche des fiertésLes associations LGBT menacent d'annuler la Gay Pride de Tel-Aviv

Par Jérémie Lacroix le 18/04/2016
annuler la Gay Pride de Tel-Aviv

Le ministère israélien du Tourisme a décidé d'investir 3 millions d'euros pour développer l'attractivité du pays auprès de la communauté LGBT. Une décision qui scandalise les associations qui jugent insuffisants les fonds qui leurs sont alloués.

Tel-Aviv est connue pour être une ville libérale, tolérante voire permissive - comparée à la très religieuse Jérusalem - et bien sur festive. Depuis plusieurs années, elle se classe parmi les villes les plus branchées de la planète. Comme Barcelone, New-York ou Berlin, elle attire une jeunesse cosmopolite en quête de légèreté et de courtes nuits. Surnommée "l'insouciante", la ville a su faire la part belle à la fête. Entre plages, restaurants tendances et nuits survoltées, Tel-Aviv est incontestablement une ville pour s'amuser.
Tel-Aviv est également considérée comme l'une des villes les plus gay-friendly au monde. Pas étonnant que sa Gay Pride soit l'une des plus importantes de la région et un moment phare de l'année pour la capitale israélienne. En 2014, elle a attiré plus de 150 000 participants dont de nombreux touristes. D'ailleurs, le ministère israélien du Tourisme ne s'y est pas trompé et souhaite attirer la communauté LGBT dans le pays.
Pour ce faire, le ministère a annoncé qu'il allait investir 11 millions de shekels (3 millions d'euros) dans une campagne à destination de la communauté LGBT, y voyant une manne financière tout au long de l'année et pas seulement lors de la Gay Pride de Tel-Aviv, laquelle se déroule du 29 mai au 4 juin. En effet, les consommateurs homosexuels sont réputés avoir un pouvoir d'achat plus important que la moyenne (bien que cette affirmation soit difficilement vérifiable).
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Aguda dénonce le manque de budget du milieu associatif LGBT

Cette annonce a provoqué la colère d'Aguda, l'association nationale LGBT d’Israël, qui menace d'annuler la Gay Pride 2016 en signe de protestation. En effet, si l'association reconnait que "le tourisme gay est une bonne chose et (que) les revenus qu'il rapporte à l'Etat sont une bénédiction", elle déplore la disproportion entre le budget alloué à la campagne destinée aux touristes LGBT et celui alloué aux associations LGBT du pays.
Pour Aguda, le gouvernement israélien ne lutte pas assez contre l'homophobie et les violences dont sont victimes les personnes LGBT en Israël. En effet, bien que la ville de Tel-Aviv soit reconnue pour son ouverture et sa tolérance, c'est loin d'être le cas dans tout le pays, certains voyant d'un très mauvais oeil cette émancipation des personnes LGBT dans la société israélienne. De fait, de nombreux homosexuels luttent au quotidien contre les discriminations.
D'ailleurs, l'association rappelle que les incidents homophobes ont connu une augmentation de 100% entre août et décembre 2015. On a également tous en mémoire l'attaque de la Gay Pride en 2015, où une jeune fille avait succombé à ses blessures.
Enfin, l'association Aguda dénonce l'hypocrisie et la vénalité du gouvernement qui voit dans la communauté LGBT une manne financière, sans chercher à améliorer les conditions de vie de ses membres.
En somme, l'association ne veut pas que la Gay Pride soit un outil pour vanter la dimension libérale de Tel-Aviv et d'Israël alors que la communauté LGBT ne bénéficie pas des retombées économiques du tourisme, notamment en n'attribuant pas aux associations des budgets permettant de répondre à leurs besoins.