Reportage : Une soirée gay à Dubaï, un jeu de cache-cache (1/2)

Par Alexandre Joliet le 26/09/2016
Dubaï

L’article 354 du code pénal des Émirats Arabes Unis dispose que : « Toute personne qui commet un viol envers une femme, ou pratique la sodomie avec un homme sera punie par la peine de mort ».

C’est donc avec cette vision des choses que je suis allé dans ce pays musulman. De plus, selon mes amis et mes proches il fallait que j'oublie le «dress code et les habitudes parisiennes », si je ne voulais pas me faire remarquer.
Ce faisait, j’ai tenté de m’habiller discrètement, tout en gardant une petite touche personnelle. Pas de talons dans ma valise, ni de trousse de maquillage. Pour le reste, je pense qu’ils ont déjà vu des hommes vêtus slims ou de pantalons skinny.
D’autres m’avaient confirmé que ce pays était relativement ouvert, par rapport à l’Arabie Saoudite et au Koweït. Mais ce n’était pas suffisant pour me rassurer. La peine de mort, autant l'éviter.
L’idée préconçue que j’avais du pays était : « un pays arabe relativement jeune, sans grande histoire ni culture, avec des grattes ciels, des centres commerciaux et des grosses voitures partout. Et surtout, où les habitants ont un goût prononcé pour l’alcool, dans le cadre des soirées privées ». Je n’ai pas mis longtemps à me rendre compte de la véracité de mes préjugés.
 
PREMIÈRE SOIRÉE
Mon premier rendez-vous de la soirée m’emmène dans une soirée très select. Certes, hétérosexuelle, mais à ma grande surprise, assez gay friendly. Le nombre de jeunes gays était relativement élevé pour une soirée hétérosexuelle dans un pays musulman. Nul besoin de Grindr, sans tomber dans le stéréotype, mais les seuls jeunes hommes habillés de façon remarquable s’avéraient être gays (choses que je confirmerai par la suite).
Les femmes étaient toutes très bien habillées et les hommes, de vrais BCBG, étaient visiblement trop blancs ou blonds pour être originaires du pays. Cela n’a pas empêché quelques fashion faux-pas. Comme le costard cravate et sandales. Ou la gandoura (habit traditionnel du golfe) dans une soirée black’n’white.
 
TOUT LE MONDE SE CONNAIT
Ici, les homosexuels (mâles), se connaissent entre eux. Il est courant que lorsque l'on rentre dans un bar (l’activité favorite des habitants, majoritairement non-Emiratis),  mon guide dise bonjour à tel ou tel garçon, qui, après m’avoir regardé comprennent que je joue dans la même équipe.
Le week-end commence le jeudi. C'est donc ce jour-là que que je me suis rendu dans une soirée gay,  sur les conseils d'une connaissance . Là encore, si toutes les bonnes soirées sont concentrées plus ou moins dans les mêmes quartiers du centre-ville, celle-ci, se trouvait un peu en dehors des zones où se trouvent les gratte-ciels.
A l’intérieur d’un hôtel, quelques jeunes hommes prennent l’ascenseur. On se retrouve à un peu plus de dix dans un espace confiné. Un malaise s’est vite installé, personne n’osait poser la question, parce que la personne d’à côté n’était peut-être pas gay. Quelques regards s’échangeaient pour se rassurer sur le fait que tout le monde était là pour les mêmes raisons.
Sauf que personne ne semblait savoir où se situait la soirée. Aucune indication, seul un garçon semblait bien connaître l’endroit, il fut tacitement désigné comme étant notre guide.
À l’entrée de la boîte, deux hommes et une femme dévisagent les entrants, comme pour être certains qu’ils ne se soient pas trompés d’adresse. 100 dirhams Émiratis l’entrée (environ 25€), la soirée commence à 23h, mais la piste reste vide. Il faut attendre 1 h30 du matin pour que les gens arrivent. Sur de la musique techno, tout le monde se déchaîne. On y trouve des autochtones, mais aussi et surtout des étrangers, une fois de plus. On y entend des accents libanais, syriens, Indiens et européens. Ici, ce n’est pas une soirée à thème, ou réservée à une certaine catégorie d’homos. Les twinks côtoient les bears, les musclées, les maigres, les très jeunes et les plus mûrs, les caucasiens et les orientaux. Autrement dit, un melting-pot de gays.
 
PAS LE DROIT DE TOUCHER A LA MARCHANDISE
Même si la drogue est interdite dans le pays, plusieurs d’entre-eux se cachaient pour ajouter quelques gouttes de GHB dans leurs verres. Ce sera tout ce que je verrais.
Contrairement à quelques soirées parisiennes où l’on peut en voir quelques-uns sniffer du poppers, ici, cette substance se fait tellement rares  qu’elle est mise en vente sur les applications de rencontre à des prix assez élevés. Souvent, on me demandait si j’en avais, puisque j’étais là en touriste et que je venais de France.
Même si c’est une soirée gay, interdiction formelle d’avoir un comportement à caractère sexuel. Pas de frottement, pas de caresses et encore moins de baisers. Les agents de sécurités veillent au millimètre près à ce que la soirée se déroule sans attouchements. Si deux hommes se rapprochent de trop, ils sont là pour les en empêcher, voire, les virer.
Les clubbeurs ont pourtant développer leurs propres astuces. Afin d’embrasser quelqu’un, ils n’hésitent pas à prétendre qu’ils lui parlent à l’oreille. D’autres, attendent que le vigile passe à côté d’eux pour se toucher, ou se frotter, puisque l’agent de sécurité n’allait certainement pas se retourner durant les 10 prochaines secondes.
Les soirées se terminent à 3h du matin. En résumé, on débourse 25€ pour 2h de techno, le temps de boire deux verres et... direction la sortie. Il faut donc choper quelqu’un assez vite, coûte que coûte !
Le dernier rendez-vous de mon séjour, un Russe habitant à Dubaï depuis près de dix ans, m’explique comment se déroulent ce genre de soirée d'ordinaire :

Si les garçons n’arrivent pas à choper de numéros, il y a toujours les afters. Une fois la soirée terminée, un groupe se retrouve chez quelqu’un, et là, rebelote : musique, alcool et drague. Ils sont plus libres et osent plus de choses. Ici, il faut trouver quelqu’un avec qui passer la nuit. Peu importe qui il est. Le but de la sortie est avant tout de faire des rencontres et de ramener quelqu’un à la maison.
 

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