Cela fait partie des grands mythes de la sexualité gay : être actif "serait moins dangereux lors d’une relation sexuelle non-protégée". Les passifs "prendraient plus de risques".... Explications.
Oui, être gay, c’est plus de risque
En France, les contaminations au VIH sont pour 43% le lot d’hommes homosexuels, et ce chiffre augmente particulièrement chez les jeunes gays de moins de 25 ans : le plus grand nombre de partenaires chez certains homos, ajoutée à la plus grand proportion de gays ayant contracté le VIH et d’autres IST peuvent expliquer une partie de l’épidémiologie d’IST chez les gays. Certaines pratiques associées comme les lavements trop nombreux et trop appuyés, le fist-fucking ou les échanges de seringues, ou la consommation de certaines drogues sont également facteur d’aggravation des IST.
> Voir ici : Pourquoi le VIH ne baisse pas chez les gays
Il est difficile de se protéger toute la vie, avec tous les partenaires, pour toutes les pratiques sexuelles. On ne peut blâmer personne de faire de son mieux, mais de fausses informations circulent parfois. Ce qui est plus embêtant… On débusque le vrai du faux ci-dessous !
Oui, sucer est plus dangereux qu’être sucé
Même si c’est assez rare, le VIH peut se transmettre lors du sexe oral. Le virus peut passer à travers toutes les muqueuses, dont la bouche. Il n'y a pas de risque zéro, juste un risque faible. Cela dépend davantage de la pratique de la fellation (gorge profonde, avaler ou pas - y compris le liquide séminal, autres jeux sexuels avec la bouche...) et aussi de l'état de santé des deux partenaires : si la personne séropositive a une charge virale indétectable grâce à un traitement ou pas, si il est en phase de primo-infection ou non (pas de signes forcément visibles et un virus qui se multiplie très vite dans l’organisme), si vous avez des aphtes, plaies ou autres ouvertures dans la bouche (sortie de chez le dentiste...)
Mais un virus est un virus, il ne fait pas de jaloux ni ne choisit : si il y a une "porte d'entrée", il ne frappera pas poliment pour demander la permission. Si le risque est moins important pour le VIH (beaucoup de salive, moins de risque d'avaler, etc... ) lors de rapports bucco-génitaux, les risques sont toujours importants de s'exposer également au risque des IST comme la chlamydia, gonorrhée, syphilis...
Si vous prenez la PrEP, cela n’aura d’effet que sur la transmission du VIH, pas des autres IST.
Voir ici : Fellation sans capote : quels sont les vrais risques ?
Oui, être passif lors de la sodomie est plus risqué...
Certes, tous les gays n’aiment pas la pénétration anale : selon une enquête du Journal of Sexual Medicine, à peine un tiers s’y adonne régulièrement. Si les muqueuses anales sont assez fines, on ne peut pas dire que le simple de fait d'être passif veut prendre plus de risque par principe : les transmissions ne sont pas automatiques. Ce n’est pas mathématique, c’est plutôt un ensemble de choses qui laissent passer un virus, et surtout tout ce qu’il y a autour du génital même : si l’anus est très sollicité (on dit « traumatisé » en médecine, que ce soit par des pénis ou des objets), que le partenaire n’utilise pas assez de gel, a une charge virale importante (s’il n’est pas dépisté et pas traité donc), ou en primo-infection, là encore.
Se protéger avec un préservatif et du lubrifiant, et/ou la PrEP est efficace à près de 100% contre le VIH. Mais là encore, cela ne concerne pas les autres IST.
Pour Michel Ohayon, médecin au centre de santé sexuelle « Le 190 » :
Il y a plus de risque quand est passif pour des raisons non pas de fragilité de la muqueuse mais d'organisation de ladite muqueuse (superficie, présence de nombreuses cellules immunitaires).
On peut aussi ajouter en terme de facteurs de risques : le temps d'exposition, la réception de sperme et de liquide séminal également, mais aussi en fonction de la nature du virus, etc...
Selon une étude canadienne, le risque de contracter le VIH en recevant une pénétration anale est environ 6 fois plus élevé qu’en donnant une pénétration anale. Etre passif est donc potentiellement plus risqué, même si cela dépend de l'état de santé global et de ce que vous faites exactement.
Le docteur de rajouter :
En revanche, il est beaucoup plus facile d'ignorer une IST anale (ou dans la gorge)...
Il faut donc être vigilant, car une IST déjà présente - mais pas détectée - dans l'anus ou la gorge augmentent les risques de VIH. Le plus important est dans la gestion de votre santé sexuelle globale : information, réduction des risques, dépistage, soin… et le fait de faire tout cela régulièrement.
Pour la personne séronégative,il est généralement moins risqué d’être le partenaire qui pénètre (voie anale ou vaginale) que d’être pénétré (partenaire récepteur).
Non, être actif ne protège pas
Pour la personne séronégative, il est généralement moins risqué d’être le partenaire qui pénètre (voie anale ou vaginale) que d’être pénétré (partenaire récepteur) MAIS être actif n’est pas une sécurité par essence. Là aussi, les muqueuses fragilisées par une activité sexuelle intense (insertive ou même des fellations un peu abrasives), la présence de lésions ou chancres dues à des IST ainsi que des piercings récents augmentent le risque de VIH.
Si le partenaire est – qu’il le sache ou non - porteur du VIH, ce n’est pas le rôle d’actif qui vous protège. Les virus passent en fonction des corps et de leurs états, pas en fonction de ce que vous en faites. Ils ne font pas de discriminations.
Seul le préservatif, la PrEP, les dépistages réguliers et un soin apporté à sa santé permettent de réduire les risques de transmissions d’IST, dont le VIH.