témoignagesTémoignage : "J’ai pris une année sabbatique pour faire l’amour…"

Par Jérémy Patinier le 24/03/2017
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Notre valeureux reporter part régulièrement en immersion chez les « impudiques », des témoins de notre époque qui acceptent de se livrer sans fausse pudeur. Aujourd'hui, V. nous raconte son originale décision.

Témoignage recueilli par Jérémy Patinier.

 

J’ai pris une année sabbatique pour faire l’amour… Rien n’allait dans ma vie. J’étais dans une boite qui ne me promettait plus rien à part des désillusions et des promotions en carton, j’avais fait le tour de ce que je pensais pouvoir leur apporter, je n’avais plus eu de relation suivie (plus de 8 jours quoi) avec un garçon depuis presque deux ans, le dernier m’ayant quitté pour une fille. Je crois que je ne m’en étais toujours pas remis d’ailleurs à ce moment là. Je me sentais vieillir (même si c’est surtout un miroir qu’on nous renvoie dans la communauté gay plutôt qu’une réalité que je ressens dans mon corps) et je venais de me brouiller avec un de mes meilleurs amis. Ça commençait à faire beaucoup. J’ai donc décidé de me reprendre en main. Je faisais déjà beaucoup de sport, je n’allais pas me mettre à en faire encore plus.
Je n’avais jamais eu beaucoup le temps de faire des rencontres intéressantes ces dix dernières années. Mon dernier copain, c’était un ami d’ami rencontré par hasard. On fréquentait la même salle. On s’aimait mais on ne baisait pas vraiment beaucoup ensemble. Et mon éducation et ma vision un peu normée du couple m’avait toujours empêchée d’aller voir ailleurs.
Quand je fais le calcul, je crois avoir eu des relations sexuelles avec peu de garçons en 10 ans. Et à chaque fois, c’était soit trop rapide, soit trop longs, si bien que je me suis jamais vraiment attardé sur la question.
Un jour, un ami qui était en galère m’a demandé de lui prêter mon ordinateur quelques jours. Je voulais bien l’aider mais j’ai quand même décidé de faire un petit peu de nettoyage, le disque dur était plein. Quand j’ai regardé ce qui prenait le plus de places, c’était du porno. Quand j’ai décidé de vider l’historique, des sites pornos aussi. Je savais très bien m’amuser tout seul. Peut-être un peu trop. Je pense même qu’à un moment donné la masturbation est devenue pour moi le synonyme de sexualité.
Ça a été comme un déclic pour moi : je n’avais pas de relations sexuelles, et encore moins satisfaisantes. Je ne me considérais pas comme asexuel. C’est juste que je m’étais « endormi sur mon slip » ! Je ne rencontrais personne, alors que je voulais fonder un couple, m’amuser, vibrer, jouir de la vie ! Mais tout était bloqué. Comme un long coma. Alors que je savais bien, au fond de moi, que j’aimais « ça »… Mais avec si peu d’expérience, je ne savais même pas quoi exactement. Actif, passif, ou les deux ? Si j’aimais plutôt le contact doux et sensuel aux plans plus sauvages ? Aux jeux ou aux plan à plusieurs ? Je voulais me libérer et j’ai décidé que ça commencerait par mon corps… J’ai commencé par lire plein de livres (j’intellectualisais encore trop) sur le sexe gay (le livre d’Erik Rémès) ou le guide du plaisir anal… et puis un jour j’ai sauté le pas, j’ai poussé la porte d’un sex club gay, tel un explorateur…
J’ai découvert des plaisirs insoupçonnés, j’ai réveillé mon corps ! J’ai surtout rencontré des gens supers, qui m’ont donné envie de m’intéresser à eux et pas seulement à leurs corps. Ça m’a tellement transfiguré, j’avais une telle soif d’humain et de comprendre que j’ai demandé une année sabbatique à mon travail, histoire de prendre le temps de me repositionner dans la vie.
Alors j’ai repris mes études. Seul d’abord, par correspondance, puis à la fac. En sexologie. (J’intellectualiserais toujours un peu !). Je suis en passe de devenir expert, aussi bien dans ma tête que dans mon corps. J’ai pris mon pied, j’ai le sentiment d’être beaucoup plus dans le rapport à l’autre qu’avant, le plaisir m’a permis de créer des liens et de me réconcilier avec moi-même (et le miroir qu’on nous renvoie parfois…)
Tout le monde devrait avoir le droit d’être épanoui sexuellement, ça créerait moins de tensions, de frustrations et ça rassemble les gens (quand c’est bien fait)… A vos orgasmes, citoyens !
 
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