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pornoL'ex-acteur porno gay harcelé reçoit finalement le soutien des élèves de son lycée

Par Adrien Naselli le 26/01/2018
acteur porno gay

Après la tourmente, c'est une histoire de solidarité que Stéphane raconte à TÊTU. L'ex-hardeur gay, reconnu par des élèves du lycée où il travaille, avait raconté dans la presse locale sa situation qui paraissait désespérée.

Un matin de janvier, un élève du lycée où Stéphane travaille comme surveillant lui demande : "Tu t'appelles Stéphane ou Matthieu ?" Matthieu Paris, c'était son pseudo d'acteur porno, une célébrité qui a joué dans une cinquantaine de films entre ses 28 et ses 35 ans. Reconnu par ses pairs, Matthieu Paris enchaîne les tournages aux États-Unis avec les plus grandes stars du porno (François Sagat, Tim Kruger), travaille pour les plus grosses boites de production comme Raging Stallion ou Titan, et gagne beaucoup d'argent. Avant que la lassitude et le dégoût ne viennent le rattraper. Le souci de prendre soin de lui, aussi. Stéphane quitte l'industrie en 2011, se réfugie quelque temps chez ses parents à Châteauroux, et décide de refaire sa vie à Nîmes, à l'âge de 41 ans.

Mais des élèves font le lien avec son ancien boulot. "Ce jour-là, certains me traitent de tous les noms, raconte-t-il à TÊTU. J’avais déjà eu des insultes en tant que surveillant, bien sûr, mais ces mots-là, jamais... Ensuite, pendant que je surveillais le self, j’ai entendu “acteur porno” et là je me suis dit : c’est foutu". Les élèves s'attroupent autour de leurs smartphones. "Je n'ai même pas pu traverser la cour car ça gueulait mon nom d’acteur porno dans tous les sens. Je me suis réfugié dans un bureau de la direction, j'ai pris mon vélo, je suis rentré chez moi et je me suis mis en arrêt maladie pendant une semaine", résume Stéphane, encore bouleversé par cet épisode.

Une enseignante syndiquée à CGT Educ'action prend Stéphane sous son aile et lui conseille de raconter son histoire à la presse locale. Le Midi Libre rapporte que le responsable de l'établissement aurait fortement suggéré à Stéphane de démissionner... De son côté, le syndicat saisit le rectorat de l'académie de Montpellier pour demander "une protection immédiate" pour l'employé en mettant en avant le "caractère explicitement homophobe" des attaques des élèves. Stéphane parle aujourd'hui dans TÊTU à visage découvert, car il n'a "plus rien à cacher".

"Quel courage !"

"Je suis revenu hier et puis voilà." Mardi 23 janvier, Stéphane reprend le travail avec la boule au ventre. Il a une bonne surprise en tombant, à l'heure de la récréation, sur une petite délégation d'enseignant.e.s rassemblée devant la vie scolaire. Dans son casier, des dizaines de mots d'élèves qui l'encouragent et qu'il fait parvenir à TÊTU, comme celui de Chloé : "Bon courage Stéphane, je te soutiens à 100%. Je trouve la réaction des autres élèves bête et sans cœur. On est avec toi, je suis avec ceux qui te soutiendront".
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Stéphane est très touché. "Tu sais les gamins comment ils sont, j'ai soi-disant quitté l’établissement en trombe, je n'allais jamais revenir... En fait globalement ça se passe plutôt bien, et j'ai aussi reçu un très gros soutien de la part de plusieurs professeurs." A l'image de cette collègue qui lui écrit : "Quel courage ! C'est quelqu'un de solide, Stéphane ! On est content de le voir !" Voilà ce qui est ressorti spontanément de la bouche de mes classes tout au long de la journée. Je n'en doutais pas. Je trouve moi aussi ce retour admirable après seulement 8 jours d'arrêt. Bravo !!! Tu as bien assuré le premier pas, les autres vont suivre. Finalement tu as fait beaucoup d'heureux aujourd'hui... Merci."

Ou de cette jeune prof d'anglais : "Une petite fée qui te sera un rappel que tout le monde ne te juge pas et qu'il y a des âmes qui voient tes qualités humaines quelles que soient les circonstances !" Elle lui donne son numéro de portable avant d'ajouter : "Uses-en si tu en as besoin. J'espère te voir bientôt". "Mis à part un petit accrochage ce matin avec un élève qui avait décidé qu’il ne m’adresserait pas la parole, rien à signaler, annonce Stéphane à TÊTU. La CPE a été classe, elle lui a dit : regarde Stéphane dans les yeux et dis lui pourquoi tu ne veux pas lui parler."

"Je ne me considère pas comme une victime"

L'affaire de Stéphane a déclenché un débat positif au sein du lycée. Les profs ont engagé des discussions avec les adolescents sur les réseaux sociaux, la protection de la vie privée, le droit à l'oubli numérique... Au moment où le ministère de l’Éducation nationale envisage justement de supprimer le smartphone à l'école et au collège. Pour Stéphane, c'est clair, "il y en a un qui regardait des images de cul au lycée. Je ne m’attendais pas à ce que cette histoire ressorte comme ça ; pour tomber sur Matthieu Paris par hasard, il faut quand même en regarder du porno !"

Aujourd'hui, il espère bien pouvoir garder son poste de surveillant. Il en a besoin pour vivre. "Je pense que la proviseure essaye de trouver la meilleure solution pour moi. En quittant Châteauroux et en débarquant à Nîmes, je n'avais rien devant moi. J’aime mon travail et je ne veux pas le quitter. Quand c'est arrivé je me suis dit : je viens de refaire ma vie, s’il faut encore repartir à zéro... Je n'aurais pas la force." Ce qui a le plus désespéré Stéphane, c'est que son passé lui revienne sans cesse à la figure. Même s'il n'a pas honte d'avoir fait du porno. "Moi, je ne me considère pas comme une victime. Oui il y a eu des paroles un peu méchantes, oui j'étais en larmes le jour où ça s'est passé, mais les messages de soutien m'ont revigoré. De toute façon, en général, je ne lis pas les choses qu'on écrit sur moi. C’est comme mes films, je ne les regardais pas…"