LGBTphobieL'association SOS Homophobie lance un appel aux dons pour lutter contre les LGBTphobies

Par Marion Chatelin le 18/02/2019
SOS Homophobie

L'association SOS Homophobie lance ce lundi 18 février une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule. L'objectif : récolter au minimum 15.000 euros pour pérenniser le financement de la prévention et de l'aide aux victimes de LGBTphobies. Le président de l'association, Joël Deumier, déplore un manque de financements publics. Interview.

Pourquoi avoir lancé cette campagne Ulule de fond de dotation ?

Nous souhaitons créer un fond "SOS Homophobie pour la prévention et l'aide aux victimes de LGBTphobies". L'idée c'est de renforcer les deux missions de l'association à savoir, l'aide directe aux victimes et la prévention des LGBTphobies, en les finançant de manière pérenne. Et c'est notamment le contexte actuel qui nous a poussé à lancer cet appel aux dons. La semaine dernière encore, il y a eu une triple agression à Bordeaux à la sortie d'un bar gay. Les agressions LGBTphobes se multiplient.

On s'est rendus compte que de plus en plus de victimes nous contactaient. Rien qu'en 2018, nous avons eu trois fois plus de demandes de soutient juridique en passant de 50 dossiers traités par la commission juridique en 2017 à 150 l'année suivante. Le nombre d'appels sur la ligne d'écoute ainsi que de demandes d'interventions en milieu scolaire ont fortement augmenté. Notre objectif est de récolter 15.000 euros mais on espère évidemment le dépasser.

Les financements des pouvoirs publics ne suffisent plus ? 

On ne peut plus compter uniquement sur les pouvoirs publics pour être financés. Car les financements se font de plus en plus rares. Nous avons par ailleurs la volonté d'être indépendants et de diversifier notre source de financement. Le but étant de garder une liberté de parole concernant nos prises de position dans le débat public.

À quoi servira l'argent récolté ? 

Lutter contre les LGBTphobies nécessite de l'argent. Par exemple, une intervention en milieu scolaire coûte environ 100 euros. On compte dedans les frais de déplacement des bénévoles, leur formation ou encore les séminaires que l'on fait chaque année pour former les formateurs. Le soutien juridique nous coûte également beaucoup d'argent, et se constituer partie civile dans un procès revient à dépenser au minimum 1000 euros. Et selon les avocats cela peut être bien plus. Nous engageons également des frais médicaux, pour l'accompagnement psychologique des victimes, par exemple. Toutes ces mesures seront financées en partie grâce au fond.

L'argent récolté permettra de financer nos deux missions principales : l'aide directe aux victimes et la prévention dans les établissements scolaires et dans les entreprises. Et ce, pour l'ensemble du territoire national.

Avez-vous suffisamment de bénévoles pour mener à bien ces missions ? 

Non ! À tel point que nous sommes contraints de refuser les demandes d'établissements scolaires qui réclament notre présence. Récemment, nous avons dû refuser d'intervenir auprès de 50 établissements scolaires en Île-de-France. Et le planning de nos interventions est complet jusqu'au mois de juin. Nous nous rendons tous les jours dans des établissements, avec parfois plusieurs interventions dans la même journée. À titre d'exemple, nous avons sensibilisé en 2018 plus de 27.000 élèves répartis dans 1150 établissements scolaires.

Avec cette campagne de financement, nous voulons également être en mesure de recruter et former plus de bénévoles. Et ce fond nous permettra de lancer des campagnes de recrutement.

L'appel aux dons est à retrouver ici

Crédit photo : Jérémy Falédam.