enquêteNouvelle vague de répression homophobe en Tchétchénie

Par Youen Tanguy le 09/05/2019
tchétchénie

L'ONG Human Rights Watch assure dans un communiqué que la police tchétchène a arrêté et torturé des homosexuels à Grosny.

La situation est loin de s'améliorer en Tchétchénie. Dans un communiqué de presse publié mercredi 8 mai, Human Rights Watch (HRW) dénonce une "nouvelle vague de répression anti-gay" dans le pays. La police tchétchène a procédé à une "nouvelle série d’arrestations illégales, de passages à tabac et d'actes humiliants à l’encontre d'hommes présumés homosexuels ou bisexuels", peut-on lire dans le texte.

L'ONG dit par ailleurs avoir recueilli les témoignages de quatre hommes détenus dans un centre géré par le départements des affaires intérieures de Grosny - capitale de la Tchétchénie - entre décembre 2018 et février 2019.

"Un détenu a été violé avec un bâton"

"La police les a battus en utilisant des bâtons et des tuyaux en polypropylène, les a frappés à coups de pied, et a torturé trois des quatre hommes par le biais de décharges électriques, détaille HRWUn détenu a été violé avec un bâton."

Les quatre hommes auraient été détenus durant des périodes allant de trois jours à vingt jours. "Dans au moins trois cas, la police a exigé d’importantes sommes d’argent pour la libération des hommes détenus", ajoute l'ONG.

Selon Igor Kochetkov, le président du d'un réseau LGBT russe, la police tchétchène a détenu au moins 23 hommes entre décembre 2018 et avril 2019, en raison de leur homosexualité ou bisexualité présumée. En janvier dernier, il affirmait que près "de 40 personnes ont déjà été arrêtées […] et au moins deux personnes sont mortes à la suite de tortures."

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Le journal russe Novaïa Gazeta avait révélé en 2017 que des homosexuels étaient la cible de persécutions de la part des autorités tchétchènes. Des témoignages similaires avaient ensuite été recueillis par plusieurs médias français, dont l'AFP, et plusieurs réfugiés tchétchènes ont été accueillis dans l'hexagone.

Face aux demandes ONG et des associations, une enquête avait été ouverte en 2017 par le parquet général russe. Mais les enquêteurs ont dit n'avoir reçu "aucune plainte officielle" de victime. Le Réseau russe LGBT et plusieurs ONG ont regretté à plusieurs reprises qu'aucune "enquête sérieuse" n'ait été entreprise.

"Les partenaires internationaux de la Russie, y compris l’Union européenne et ses États membres, les États-Unis et le Canada devraient faire pression sur les autorités russes afin qu’elles enquêtent de manière rigoureuse sur les cas de torture et tiennent leurs auteurs responsables de leurs actes", réclame Human Rights Watch.

Crédit photo : Shutterstock/rudolfgeiger.