LGBTphobieFootball : le match Nancy - Le Mans interrompu par l'arbitre en raison de chants homophobes

Par têtu· le 17/08/2019

C'est une première : l'arbitre Mehdi Mokhtari a interrompu un match de Ligue 2 à la suite de chants homophobes lancés par des supporters.

Et si le monde du foot prenait finalement conscience du (gros) problème d’homophobie qui règne dans ses stades ? Vendredi 16 aout, le match de Ligue 2 entre Nancy et Le Mans a été interrompu pendant plusieurs minutes après des chants homophobes, indique France Bleu Sud Lorraine. Ces chants venaient des tribunes du stade Marcel-Picot, à Nancy.

L'arbitre, Monsieur Mehdi Mokhtari, a donc décidé d’interrompre quelques instants la rencontre, qui comptait pour la 4e journée de Ligue 2.

Jean-Michel Roussier, le président de l'AS Nancy-Lorraine, a réagi chez nos confrères de Franceinfo :  « Ces chants n'ont pas leur place dans un stade de foot », indiquant qu’à la mi-temps, il était allé voir les groupes de supporters. Le dirigeant estime néanmoins que "le football n'a pas vocation à régler tous les problèmes de la société. Il ne faut donc pas donner plus de rôles au football que celui qu'il a", a-t-il ajouté. "Je n'ai pas de jugement à porter sur la décision de l'arbitre. Il y a un nouveau règlement, il s’applique. »

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Une première, selon la ministre des Sports

L’interruption de ce match a été saluée par par le personnel politique. Sur Twitter, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a tenu à féliciter l’arbitre. Selon elle, « c’est une première ». 

La secrétaire d'État en charge de l'égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations, Marlène Schiappa, a elle aussi salué la décision de l’arbitre d’avoir « interrompu courageusement le match », avant d’ajouter : "Le foot est un sport passionnant, il doit le rester pour tous".

A la fin mars, la ministre des Sports avait qualifié d’"inadmissibles" des chants homophobes entonnés lors du match PSG-OM au Parc des Princes. Des supporters parisiens avaient qualifié les Marseillais d’ "enculés", de "rats"et de "pédés".

Mais les temps changent. En juillet dernier,  la commission de discipline de la Ligue de football professionnel a condamné un supporter lensois à 10.000 euros d’amende avec sursis et à cinq heures d’activités d’intérêt général pour des chants homophobes. 

L'appel d'Antoine Griezmann en "une" de TÊTU

Il est temps que l’univers du football - supporters, dirigeants, joueurs et arbitres - prenne enfin conscience du problème d’homophobie qui gangrène ce sport. En mai dernier, TÊTU publiait une grande interview d’Antoine Griezmann. Le champion du monde (et nouvelle recrue du Barça) déclarait alors au magazine :

« Il n’y a pas que des gens intelligents qui se rendent aux matches, c’est malheureux mais c’est ainsi. Pour moi, ces chants et ces commentaires n’ont pas leur place dans un stade. L’homophobie, ça suffit. »

Et le footballeur d’ajouter : « Désormais, si un joueur tient des propos homophobes sur le terrain, je pense que j’arrêterai le match. » Un message qui semble enfin passer.

Crédit photo : Guillaume Baviere/DR.