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témoignagesHôpital et homophobie : le blues au carré des soignants LGBT

Par Elodie Hervé le 06/05/2021
A l'hopital, des soignants lgbt souffrent

TÉMOIGNAGES. Exerçant un métier déjà difficile, des médecins LGBT décrivent en plus une ambiance délétère, à base d'humour de caserne et de préjugés LGBTphobes dans les services. Au point, pour certain.e.s, de quitter l’hôpital public.

“Je me souviens de ce chef de service qui commençait toutes ses réunions en s’adressant à nous par ‘salut les PD’”, explique un interne. Pour beaucoup, devenir médecin est un accomplissement professionnel. Une façon de gagner en prestige et en statut social tout en s’assurant un salaire correct, sans crainte du chômage. Jack*, 30 ans, rêvait de porter la blouse blanche. Autour de lui, personne n’était médecin. Son père, ouvrier algérien, était fier de voir son fils se lancer dans ces études. “Quand je suis arrivé à la fac, ça se voyait qu’on ne venait pas du même monde, note-t-il, décrivant une culture hétéro­centrée, misogyne et raciste où tout rappelle que si tu n’es pas blanc, hétéro et bourgeois, tu n’as pas ta place ici. Les remarques sont quotidiennes. On va t’accuser de vol parce que tu n’es pas blanc, ou te dire de faire attention aux patients gays parce qu’ils ont probablement le sida. C’est très pesant.”

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Propos LGBTphobes

De nombreux témoignages recueillis par TÊTU décrivent des discriminations omniprésentes, qui vont des propos LGBTphobes aux documents de cours reprenant les photos de La Manif pour tous. “Parfois, dans ton service, tu n’as même pas de nom, décrit un second étudiant. On m’a appelé ‘l’interne’ pendant longtemps, avant que je ne devienne ‘l’interne gay’.” Antony* se souvient des cours où les médecins parlaient de “transexualisme” en disant : “Tant que tu n’as pas couché avec une femme, tu ne peux pas savoir si tu es vraiment gay, ou trans.” D’autres encore, comme Fabrice*, 38 ans, aujourd’hui médecin aux États-Unis, décrivent des soirées où règne la culture du viol : “On a tous vu, je pense, des simulations de viol sur des hommes, voire des agressions sexuelles.”

"Lors des études de médecine, les violences ont un peu un côté ‘passage obligé’."...