Valérie PécresseDébat des régionales en Île-de-France : Pécresse fait l'union contre elle sur les sujets LGBTQ+

Par Nicolas Scheffer le 01/06/2021
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Réunies pour un débat sur les sujets LGBTQI+, les têtes de listes aux élections régionales en Île-de-France ont joint leurs attaques contre le bilan de Valérie Pécresse, candidate à sa réélection et qui veut faire oublier sa proximité avec la Manif pour tous.

Ce lundi 31 mai, une absence s'est fait remarquer. Valérie Pécresse n'était pas présente au débat organisé par l'Inter-LGBT, le Centre LGBT et l'AJL entre les différents candidats aux élections régionales pour l'Île-de-France – Jordan Bardella, pour le Rassemblement national, n'avait pas été convié. La tête de liste de la droite s'y est fait remplacer par Patrick Karam, vice-président du conseil régional. Et pour cause, il y avait des coups à prendre : en choeur, ses rivaux ont dénoncé les pas de deux de l'actuelle présidente de la région sur les sujets LGBTQI+. À tel point que Patrick Karam s'est plaint d'avoir le même temps de parole que les autres candidats : "Ce n'est pas juste".

"Vous êtes venu avec les rames", lance tout de go Clémentine Autain (France insoumise) à l'adresse du représentant de la droite. Quelques minutes plus tôt, Patrick Karam a fait rire l'audience avec son anecdote : "Le jour où la loi (sur le mariage pour tous, ndlr) a été votée, Valérie Pécresse a été la première élue de droite à l'avoir soutenue". Comme si ce retournement de dernière minute pouvait faire oublier ses discours sur les planches des meetings de La Manif pour tous (LMPT). Ou encore ses participations aux manifestations en bleu et rose des opposants farouches à la loi Taubira. Ou encore la volonté affichée par Valérie Pécresse, en novembre 2012, de "démarier" les couples homos quand la droite reviendrait au pouvoir.

Oui à la PMA... mais

Alors aujourd'hui, Patrick Karam appelle au vote de la PMA pour toutes. "Oui pour la PMA, mais encadrée", dit-il. Avant de répéter l'antienne insidieuse de la droite : "Il faut inscrire dans la loi la non-marchandisation des droits humains". Une confusion volontaire avec la GPA, qui n'a rien à voir avec la PMA pour toutes et n'est pas inscrite dans le projet de loi bioéthique dont il était question dans le débat. Pas un mot, en revanche, sur le fait que la droite, majoritaire au Sénat, ait voté en bloc contre la PMA en février dernier. La campagne 2021 de Valérie Pécresse doit être rose pur, quitte à virer amnésique.

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"La lutte contre l'homophobie a été notre priorité", tente encore Patrick Karam, à nouveau sous les rires de l'audience. À force de s'activer sur le rameur, Patrick Karam pourrait pour l'été se forger un corps de gym queen…  Il remonte au front : "Je suis allé en Tchétchénie, dans le Caucase, j'ai vu l'homophobie sous sa face la plus hideuse. Quand j'étais délégué interministériel, j'ai été l'un des premiers élus à la Gay Pride. Depuis 2016, nous avons mis 2,7 millions d'euros (dans la lutte contre les discriminations, ndlr)". Pas de quoi payer le char traditionnel de la région, disparu en 2016 de la Pride à Paris…

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Débat des régionales en Île-de-France : Pécresse fait l'union contre elle sur les sujets LGBTQ+
Crédit photo : DR

L'élu, qui a le mérite d'être là contrairement à sa tête de liste, plaide ensuite sa proximité avec l'association Stop homophobie et l'accompagnement des victimes dans leurs démarches pénales. "J'ai écrit un courrier au président de la République pour alerter sur le fait qu'il n'y a pas de formation (des agents de police et de justices aux sujets LGBTQI+, ndlr)". "Une semaine de plus et Valérie Pécresse fait son coming out !", rigole Clémentine Autain.

Haro de Bayou et Pulvar sur Pécresse

Son engagement affiché auprès des personnes LGBTQI+ n'empêche pas Patrick Karam de mégenrer Rachel Garrat-Valcarcel, animatrice avec Clément Giuliano du débat et qui doit le rappeler à l'ordre quand il l'appelle "monsieur"… Ou encore de parler exclusivement "d'homosexuels" et "d'homophobie", oublieux comme souvent à droite du sort des personnes trans, des lesbiennes ou des bisexuel·le·s.

"Valérie Pécresse, c'est un peu Docteur Jekyll et Mister Hyde", décoche Julien Bayou, tête de liste écologiste. Audrey Pulvar, affiliée PS, rappelle qu'une conseillère municipale de droite à Versailles a encore récemment appelé à censurer les affiches contre les LGBTphobies de Santé publique France, qualifiées de "propagande". "Contrairement à madame Pécresse, je prends part aux marches des Fiertés, bien qu'étant hétérosexuelle", fait remarquer au passage Audrey Pulvar.

Julien Bayou souligne encore que la représentante de la droite se targue d'avoir financé le film 120 battements par minutes, tout en… poursuivant Act up en justice. Procès que Valérie Pécresse a d'ailleurs définitivement perdu. L'écolo note que les subventions accordées à Solidays sont passées sous sa présidence de 1 million à 800.000 euros.

Et "en même temps"...

Finalement, le seul candidat à ne pas s'être attaqué directement à Valérie Pécresse, c'est Laurent Saint-Martin, représentent de la majorité présidentielle. "Je ne comprends pas les mouvements vis-à-vis d'Act up, mais je n'irais pas jusqu'à dire que la région ne fait pas son travail de financement des associations", tente-il. Il faut dire que la philosophie du en même temps s'applique bien à la macronie sur ces sujets…

Ainsi, Laurent Saint Marin – en retard sur son temps de parole à l'issue du débat – affirme son soutien à l'interdiction des "thérapies de conversion", alors que Marlène Schiappa, candidate à Paris ,a voulu "dénaturer le texte" selon la députée qui porte le sujet. Et si la ministre affirme évidemment ne pas vouloir subventionner la Manif pour tous, plusieurs candidats de sa liste ont marché avec l'association réactionnaire. Bref, heureusement pour lui que le représentant de l'absente Pécresse était là pour prendre l'essentiel des balles.

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Crédit photo : Capture d'écran Twitter / @denisquinqueton