En Hongrie, l'application de la nouvelle loi homophobe promue par Viktor Orban prévoit que les livres qui "expriment l'homosexualité" ne pourront plus être vendus dans un rayon de 200 mètres autour des églises et des écoles. Au-delà de cette limite, ils devront être présentés sous scellés.
Les contours de la loi homophobe et transphobe adoptée en Hongrie le 15 juin dernier restaient flous. Un décret, rendu public le vendredi 6 août, précise l'étendue des restrictions. Il précise que les livres représentant l'homosexualité ou l'identité de genre ne pourront pas être vendu autour des écoles et des églises et que, là où ils pourront être mis en vente, ils devront être proposés sous scellés, à l'image de la pornographie.
Le décret gouvernemental réglemente ainsi "l'exposition ou la représentation" de produits qui "expriment l'homosexualité (sic)" ou représentent "une déviation de l'identité (sic) correspondant au sexe de naissance". Ces articles ne pourront pas être vendus dans un rayon de 200 mètres autour des églises, des écoles ou encore des institutions de protection de l'enfance. Lorsque leur vente est autorisée, ils devront être emballés.
Cette loi "échouera tôt ou tard"
Fustigé par les dirigeants européens, le premier ministre Viktor Orbán a annoncé la tenue d'un referendum sur sa loi associant homosexualité et pédophilie. Cinq questions, particulièrement biaisées, seraient alors posées aux électeurs – même si le gouvernement n'a pas encore annoncé de date pour la consultation. Parmi elles : "Les enfants doivent-ils participer à des activités autour de l'orientation sexuelle sans consentement parental ?" ou encore "Soutenez-vous que du contenu non règlementé soit montré à des enfants, qui pourrait influencer leur développement sexuel ?"... Les associations de droits des personnes LGBTQI+ ont appelé à ne pas voter, car pour être valide, le scrutin doit mobiliser plus de 50% des électeurs.
Selon Amnesty International sur place, cette loi LGBTphobe "échouera tôt ou tard". "Cette loi viole clairement la liberté d'expression, la liberté de la presse, le droit à la dignité humaine et à l'égalité de traitement. Elle met également en danger la santé mentale des jeunes et des adultes LGBTQI+. Cette loi, vague et incompréhensible, peut encourager les médias et les professeurs à s'autocensurer, empêchant les personnes concernées d'accéder à des informations importantes et à du soutien au moment où elles en ont besoin", écrit l'association sur son site Internet, appelant à saisir le Conseil Constitutionnel.
Radicalisation homophobe en Hongrie
Ce n'est pas le premier texte qui s'en prend aux droits des personnes LGBTQI+. En décembre 2020, les parlementaires hongrois ont également adopté une définition restrictive du genre dans la Constitution. Ils en ont profité pour inscrire une vision étroite de la famille. "La mère est une femme, le père est un homme", est-il désormais inscrit dans la charte fondamentale. De fait, cet amendement interdit l'adoption par des couples de même sexe.
À dix mois des prochaines élections nationales, les associations du pays constatent une radicalisation des discours LGBTphobes, encouragés par ses dirigeants. Lors de la marche des Fiertés de Budapest, le 24 juillet, TÊTU a pu en effet constater des contre-manifestations au cri de "pédés, rentrez chez vous".
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