Première députée régionale transgenre d'Allemagne, l'écologiste Tessa Ganserer est désormais candidate aux élections générales du 26 septembre. Ses difficultés administratives rappellent la lourdeur extrême du parcours de transition outre-Rhin.
À lui seul, le bulletin de vote à son nom est un argument de campagne. Tessa Ganserer, qui était devenue en 2019 la première députée régionale transgenre d'Allemagne (écologiste), vise désormais un siège au Bundestag (le parlement national allemand), aux élections générales du 26 septembre. Mais comme le rapporte l'AFP citée par France 24, "son passé revient la hanter sous la forme de son ancien prénom masculin, imprimé sur un bulletin de vote".
La candidate bavaroise de Nuremberg, âgée de 44 ans, a fait son coming out médiatique en 2019 mais n'a pas formellement modifié son identité administrative, par protestation contre la complexité des démarches dans le pays. Résultat : l'administration a jugé utile de faire figurer son deadname sur le bulletin de vote, entre parenthèses à la suite de son prénom d'usage.
Un parcours de transition long, coûteux et humiliant
"C'est humiliant, cela me blesse car j'ai abandonné ce nom masculin, qui est tout simplement faux", a réagi l'intéressée dans un entretien avec l'AFP à Berlin. Elle y argue que la procédure allemande de changement d'état civil est "contraire à la dignité humaine", pouvant notamment durer plusieurs années et coûter jusqu'à 2.000 euros. "Je devrais déposer une demande auprès d'un tribunal, subir deux expertises psychiatriques, seulement pour qu'un juge décide si je suis acceptée par l'État en tant que la femme que je suis déjà publiquement depuis 3 ans", énumère-t-elle, ajoutant que "les expertises psychiatriques portent sur des questions en partie très intimes, sur la première expérience sexuelle, sur la nature des fantasmes sexuels, sur le style de sous-vêtements portés"…
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Il faut dire que la simplification des procédures de transition est particulièrement longue outre-Rhin. Datant des années 80, la loi qui les régit est tellement datée que la Cour suprême allemande de Karlsruhe a déclaré plusieurs de ses dispositions inconstitutionnelles. Et ce n'est qu'en 2011 que ses juges ont aboli l'obligation de subir une opération chirurgicale pour obtenir un changement d'état civil complet, encourageant au passage l'exécutif à réformer enfin la loi. La bonne nouvelle c'est que, comme le soulignent nos confrères, Tessa Ganserer a de bonnes chances d'entrer au Bundestag, d'où elle pourra y contribuer.
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Crédit photo : Tessa Ganserer/Instagram