INFO TÊTU - La mairie de Paris a racheté l'immeuble abritant le Tango, célèbre boîte de nuit gay du Marais, promettant la survie de la discothèque en difficulté après des mois de fermeture pour cause de Covid-19.
[Mise à jour, mardi 9 novembre 2021, 18h : Ce lundi 8 novembre, le conseil d'arrondissement de Paris Centre a voté à l'unanimité la délibération actant le rachat et donc le sauvetage du Tango. La délibération a également entériné la gestion de la boîte de nuit par le collectif emmené par sa figure historique, Hervé Latapie. Un second vote doit intervenir lors du Conseil de Paris, entre les 16 et 19 novembre.]
Lorsque le propriétaire du Tango à Paris annonçait à TÊTU, début janvier 2021, qu'il entendait vendre l'immeuble abritant la "boîte à frissons" historique de la nuit gay, c'est une part de la vie LGBTQI+ de la capitale qui menaçait de mettre la clef sous la porte. "Nous allons tout faire pour le sauver", avait alors promis à TÊTU Frédéric Hocquard, adjoint de la maire de Paris en charge du tourisme et de la vie nocturne.
Eh bien, "c'est décidé, nous allons acquérir l'immeuble abritant le Tango", nous glissait mi-septembre Ariel Weil, le maire de Paris Centre, l'arrondissement où se trouve l'établissement. "La vente a été signée début septembre", confirme à TÊTU l'adjoint en charge du logement, Ian Brossat. Selon nos informations, le montant du rachat s'est chiffré à 6,7 millions d'euros.
"Nous souhaiterions rouvrir le 24 décembre pour proposer à toutes les personnes LGBTQI+ sans famille de passer Noël avec nous"
La famille propriétaire de l'immeuble s'était résignée à sa mise en vente car elle ne pouvait plus éponger les dettes accumulées par l'établissement, après plusieurs mois de fermeture en raison des confinements successifs provoqués par la crise sanitaire du Covid-19. Dans le projet de la Ville, huit logements sociaux doivent être créés dans les 343 mètres carrés des étages pour être confiés au bailleur social Élogie. Quant au rez-de-chaussée, le Tango pourrait y rouvrir dès décembre, si tout se passe bien. "Dans l'esprit du Tango, nous souhaiterions rouvrir le 24 décembre pour proposer à toutes les personnes LGBTQI+ sans famille de passer Noël avec nous", nous indique Hervé Latapie, l'organisateur historique des soirées du Tango.
Bientôt de nouveaux frissons au Tango
Car c'est un monument patrimonial constitutif de la nuit parisienne qui aurait pu disparaître à cause du Covid-19. L'un des plus anciens dancing de la capitale, au décor pittoresque avec son dancefloor en parquet et ses rideaux rouges (pour les non-Parisiens, on l'aperçoit dans le film d'Alex Lutz Le Talent de mes amis), où la légende dit même que certains entraient hétérosexuels et sortaient bis… Un esprit particulier également, avec ses danses de salon avant minuit puis, après l'ouverture de la soirée par un Madison collectif, sa playlist éclectique allant de Dalida à Rihanna. Un lieu que les habitués résumaient à "un endroit sympa où personne ne se prend la tête et où on peut discuter avec des gens sans être jugé".
Bref, pour beaucoup de jeunes et moins jeunes LGBTQI+, une atmosphère aux antipodes d'autres boîtes plus in mais plus impressionnantes, un point d'entrée accueillant de la communauté "où tu peux aller voir le DJ pour qu'il passe Alizée ou Lorie", nous résumait encore Adrien, un habitué. Surtout, tout le monde y est accueilli, gays, bis, lesbiennes et trans, des bears aux twinks, des créatifs parisiens aux étudiants Erasmus, mais aussi les potes hétéros plus ou moins curieux (attention, pas trop en même temps, l'endroit n'est pas si grand) et les "filles à pédés". Ainsi que, bien sûr, les drag queens qui s'y produisent régulièrement en shows exubérants et bon enfant.
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"Si la mairie nous accorde la gestion du lieu, nous comptons bien faire vivre le caractère festif que l'on connaît, promet Hervé Latapie, mais pas que...". Le Tango 3.0, s'est formé en association loi 1901, composé de quelque 350 personnes. Il compte faire vivre l'endroit en y accordant à l'avenir une place plus importante aux associations, notamment Acceptess-T dont la directrice, Giovana Rincon, s'est particulièrement investie dans la définition du projet. Et la direction de la structure, nous assure Hervé Latapie, sera ouverte aux salariés, aux organisateurs et aux bénévoles. Vivement décembre, pour le premier Madison depuis trop longtemps !
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