Au total, quatre des cinq régions de Pologne qui avaient adopté des résolutions "sans idéologie LGBT" les ont désormais retirées, sous la pression financière de l'Union européenne.
Une à une, les régions polonaises font machine arrière. Après celle de Kielce la semaine dernière, la Podkarpackie, Lubelskie et la province de Malopolskie ont voté ce lundi 27 septembre le retrait de leurs résolutions ouvertement homophobes.
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Les conseils régionaux, rapporte Reuters, ont ainsi retiré les chartes qui en faisaient des territoires "sans idéologie LGBT", lesquelles ont commencé à fleurir en Pologne à partir de 2019. La dernière région à s'auto-déclarer "sans idéologie LGBT", celle de Lodz, doit discuter à son tour du sujet ce mardi 28 septembre, indique le directeur de Forbidden colours, Remy Bonny.
Pression de la Commission européenne
Ces votes ont lieu alors que la Commission européenne dénonce ces résolutions qu'elle juge contraires au droit européen, notamment en matière de non-discrimination. En guise de rétorsion, l'institution bruxelloise a menacé de suspendre les négociations concernant le versement de fonds européens sur la période 2021-2027. Des subventions qui représentent plusieurs milliards d'euros pour les cinq régions concernées.
En parallèle, la Commission a lancé mi-juillet une nouvelle procédure d'infraction contre la Pologne, qui peut aboutir à des sanctions juridiques. Sa présidente, Ursula von der Leyen, avait fustigé des "zones sans humanité" qui "n'ont pas leur place" dans l'UE.
La Pologne accueille des "régions de tolérance"
C'est un revirement pour les régions de Lubelski et Malopolska, qui avaient encore voté cet été pour conserver leur résolution, provoquant une scission dans leur majorité. À Podkarpackie, une nouvelle résolution a été adoptée sous le nom de "Podkarpackie, une région de tolérance". Le texte affirme même son opposition à "toutes les tentatives de haine et de discrimination sur le fondement du sexe, de l'âge, de la race, du handicap, de l'origine éthnique, de la religion, des croyances ou de l'orientation sexuelle". À Lubelski, les conseillers ont voté pour une nouvelle motion "pour la protection des droits fondamentaux et la liberté".
"La possibilité de perdre des énormes subventions a transformé les élus homophobes en agneaux de la tolérance. Quelle métamorphose !", a ironisé sur Twitter Bart Staszewski, à l'origine de l'Atlas de la Haine, un projet répertoriant ces zones. Selon lui, la superficie des zones "sans idéologie LGBT" a diminué de moitié et représente désormais 16,5% de la Pologne. De nombreuses communes les ont en revanche conservées.
"Ces bonnes nouvelles ne tombent pas du ciel. Elles sont l’aboutissement de deux ans de combat sans relâche au Parlement européen", s'est félicité l'eurodéputé Pierre Karleskind (LREM), qui a participé à pousser la Commission européenne à suspendre ses fonds vers les régions concernées. "Nous espérons que la Commission européenne va continuer à mettre également une pression forte à la Hongrie. S'agissant de la Pologne, nous savons que nous pouvons faire évoluer les choses seulement en les attaquant au porte-monnaie. En Hongrie, les mêmes fonds ont déjà été suspendus sans qu'il n'y ait de réponse", interpelle Rémy Bonny dans un communiqué.
Crédit photo : Capture d'écran Instagram/Bart Staszewski