EuropeNouveau président des eurodéputés centristes, Stéphane Séjourné monte au créneau sur la Hongrie et la Pologne

Par Thomas Vampouille le 20/10/2021
Stéphane Séjourné est député européen

Au lendemain de son élection à la présidence du groupe centriste Renew au Parlement européen, l'eurodéputé gay Stéphane Séjourné a annoncé une initiative sur les dossiers de la Pologne et de la Hongrie, où les droits LGBTQI+ sont remis en question.

Le suspense était faible, puisqu'il était le seul candidat en lice. L'eurodéputé LREM Stéphane Séjourné, proche conseiller de longue date d'Emmanuel Macron, a été élu ce mardi 19 octobre président du groupe centriste Renew au Parlement européen. La troisième force de l'hémicycle est donc désormais dirigée par un élu gay (Stéphane Séjourné est le conjoint du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal), détail pas forcément inutile à l'heure où les dossiers LGBTQI+ s'accumulent à Bruxelles. Ainsi, pendant que la Hongrie de Viktor Orban se dote d'une législation homophobe et transphobe, la Pologne, dirigée par les ultra-conservateurs et où se multiplient les déclarations anti-LGBT, vient d'ouvrir une nouvelle crise entre les États membres en contestant la primauté du droit européen.

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Dès le lendemain de son arrivée à la tête du groupe, dont il dirigeait déjà la délégation française, Stéphane Séjourné a annoncé une initiative sur ces deux dossiers chauds. "Au nom de Renew Europe j'ai demandé au président du Parlement européen de déposer dès aujourd’hui un recours contre la Commission pour inaction. Le mécanisme État de droit doit être activé pour la Pologne et la Hongrie", a-t-il résumé sur Twitter, ajoutant : "Il faut agir maintenant pour défendre les droits et les libertés des Polonais et des Hongrois".

La Pologne et la Hongrie secouent le droit européen

La Commission, dirigée par l'Allemande Ursula von der Leyen, a déjà enclenché plusieurs procédures spécifiques d'infraction contre les deux États membres de l'Est. Une autre procédure, dite de l'"article 7", seule susceptible en l'état actuel du droit européen de sanctionner fortement les atteintes aux valeurs de l'UE, est en outre déjà activée depuis plusieurs années contre la Hongrie et la Pologne. Mais elle nécessite, pour aboutir, un vote à l’unanimité des 27 États membres, moins le pays visé. Or, le président polonais Andrzej Duda et le Premier ministre hongrois Viktor Orbán ont d’ores et déjà prévu de s'épauler l'un l'autre face à Bruxelles.

Le mécanisme "État de droit", dont Stéphane Séjourné réclame l'activation, est une nouveauté arrachée en 2020 lors des négociations sur le plan européen de relance post-Covid (750 milliards d’euros). Mais en l'état actuel de sa rédaction, il ne permet de sanctionner que des infractions liées à l'utilisation des fonds européens. "Le combat suivant, c’est d’en faire un mécanisme plus large de protection de l’État de droit, soutenait le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, dans une interview pour TÊTU en septembre, envisageant : "On peut élargir son champ d'action et là, il suffira d'un vote à la majorité".

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Un renforcement des capacités de réaction de l'Union face aux atteintes à l'État de droit en son sein dont le ministre nous indiquait : "J’aimerais que ce soit un combat que l’on amorce sous la présidence française de l’UE". À moins de trois mois du début de celle-ci, en janvier 2022, le voilà rejoint sur ce front par la voix d'Emmanuel Macron au Parlement européen.

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Crédit photo : Parlement européen