L'appli incontournable de rencontre gay est sanctionnée pour avoir partagé à des fins de marketing ciblé des informations personnelles issues du profil de ses utilisateurs, non seulement sans clairement les en informer mais au risque, en outre, d'ainsi dévoiler leurs préférences sexuelles.
La facture dépasse les six millions d'euros. La Norvège annonce ce mercredi 15 décembre avoir infligé à l'application de rencontre gay Grindr une amende de 65 millions de couronnes pour partage illégal de données. C'est la plus grosse pénalité jamais infligée pour ce type d'affaire dans le pays, rapporte l'AFP citée par France 24.
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Grindr accusée d'outer ses utilisateurs
"Notre conclusion est que Grindr a fourni, sans fondement légal, des données personnelles sur ses utilisateurs à des tiers pour du marketing ciblé", explique le chef de l'autorité norvégienne de protection des données (Datatilsynet), Bjørn Erik Thon, dans un communiqué. Grindr est accusée d'avoir partagé avec des annonceurs les coordonnées GPS, mais aussi des éléments du profil de ses utilisateurs (âge, sexe...) et le simple fait qu'ils utilisent l'appli, ce qui d'évidence donne des indications sur leurs préférences sexuelles.
"Les informations indiquant qu'une personne est un utilisateur de Grindr constituent une catégorie particulière de données personnelles car elles laissent fortement entendre une appartenance à une minorité sexuelle."
Or, "nous considérons que les informations indiquant qu'une personne est un utilisateur de Grindr constituent une catégorie particulière de données personnelles car elles laissent fortement entendre une appartenance à une minorité sexuelle", insiste l'autorité. L'absence d'une information claire fournie aux utilisateurs sur cette pratique, ainsi que de leur approbation explicite, viole selon Datatilsynet le règlement général sur la protection des données (RGPD) mis en place depuis 2018 dans l'Union européenne.
Datatilsynet avait averti en janvier dernier que Grindr risquait une amende de 100 millions de couronnes (environ 10% de son chiffre d'affaires mondial), donnant à l'entreprise jusqu'au 15 février pour s'expliquer. Grindr avait alors argué que les faits incriminés remontaient à avant avril 2020, date du changement de ses conditions d'utilisation. Grindr a maintenant trois semaines pour fair appel de sa sanction.
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