Le Premier ministre hongrois sort renforcé des élections législatives qui se tenaient en Hongrie ce dimanche 3 avril. Mais il perd son référendum LGBTphobe.
Après 12 années à la tête du pays, Viktor Orbán a obtenu un quitus pour les quatre prochaines années. Avec 53% des voix, son parti, le Fidesz, a obtenu la majorité absolue. "Nous avons remporté une victoire exceptionnelle – une victoire si grande qu’on peut la voir depuis la Lune. Certainement depuis Bruxelles, en tout cas", s'est enorgueilli le Premier ministre, rapporte The Budapest Times.
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"Cette victoire ne pouvait se faire que dans le système créé par le Fidesz, qui vit de mensonges, de messages de haine, fait taire l’autre camp et dépense bien sûr beaucoup plus [d'argent] pour faire campagne que l’opposition", a ajouté Péter Márki-Zay, le candidat de l'opposition à la tête de la coalition intitulée Unis pour la Hongrie, dans le média Alfahir. Car Viktor Obán a mis en place une machine de propagande, utilisant par exemple une newsletter destinée au Covid-19 pour diffuser ses vues.
Pour autant, cette victoire de Viktor Orbán aux législatives ne doit pas éclipser la victoire des militants LGBTQI+ au référendum. Sous couvert de "protéger les enfants", quatre questions particulièrement spécieuses étaient posées au même moment que les élections parlementaires. Faute d'une participation suffisante, le référendum a été invalidé. "Le résultat est clair : les Hongrois ne veulent pas vivre dans un pays où le gouvernement se bat contre leur famille, leurs amis, leurs collègues. La loi LGBTphobe doit être abrogée immédiatement", déclare Dávid Vig, directeur d'Amnesty International en Hongrie dans un communiqué transmis à têtu·.
Conditionnalité de l'État de droit
Car ce référendum visait à légitimer une loi, adoptée en juin dernier, interdisant toute représentation positive de l'homosexualité et de la transidentité auprès des enfants. Cette loi discriminatoire s'est attiré les foudres des institutions européennes, qui a lancé une procédure d'infraction contre le pays. La Commission européenne pourrait également très prochainement utiliser le mécanisme de "conditionnalité à l'État de droit", où des subventions européennes ne peuvent pas être distribuées si elles peuvent financer des projets allant à l'encontre de l'État de droit.
"Nous avons des raisons de nous réjouir, mais nous avons encore un long chemin à parcourir. Au cours des deux dernières années, la société hongroise a exprimé à plusieurs reprises son soutien et son acceptation des personnes LGBTQI+ Nous allons continuer à travailler pour un pays où tous les citoyens sont égaux", a ajouté Luca Dudits, directrice de Háttér Society. Dans les faits, l'exil traverse l'esprit de nombreux Hongrois LGBTQI+ qui se demandent quel avenir ils peuvent avoir dans un pays où le dirigeant conservateur et nationaliste les oppose au modèle de la "famille traditionnelle" qu'il promeut.
"Le message pour le reste de l'Europe est clair : la dénonciation des droits des personnes LGBTQI+ par le gouvernement ne reçoit aucun soutien du peuple hongrois", prédit l'eurodéputée verte Gwendoline Delbos-Corfield, membre de l'intergroupe LGBTI et rapportrice concernant l'État de droit au parlement européen. "C’est une véritable défaite idéologique pour Orbán. Il espérait décrédibiliser les sanctions de l’Union européenne en passant par son peuple : c’est raté. Le peuple hongrois nous montre qu’il n’est pas homophobe. Les droits LGBT ne sont pas une lubie bruxelloise, l’idéologie LGBT n’existe pas et agiter le chiffon de l’endoctrinement des enfants n’est qu’un fantasme voué à l’échec", poursuit l'eurodéputé affilié En Marche, Pierre Karleskind.
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Crédit photo : Vincent Van Doornick / Parlement européen