Les autorités de Serbie ont fini par interdire le défilé de l'Europride 2022 prévu ce samedi 17 septembre à Belgrade. L'organisation tente un ultime recours juridique pour faire vivre la manifestation européenne de nos Fiertés.
L'hostilité de militants conservateurs aura donc eu la peau de la Marche européenne des fiertés. Ce mardi 13 septembre, les autorités serbes ont officiellement annoncé l'interdiction de la marche prévue pour l'Europride 2022, samedi dans la capitale du pays, Belgrade. L'association organisatrice indique dans un communiqué avoir fait appel devant la justice de cette décision. Fin août, le président de la Serbie avait annoncé sa volonté d'annuler ou de reporter la manifestation, mais cette déclaration n'avait pas été suivie d'une interdiction formelle.
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"Oui, l'Europride aura évidemment bien lieu, malgré la volonté affichée du gouvernement d'interdire", confirmait encore le 6 septembre à têtu· Goran Miletic, coordinateur de l'événement où au moins 15.000 personnes étaient attendues."Belgrade est un endroit où il y a de nombreux clubs, des bars et une vie nocturne importante. Nous espérons que nous pourrons trouver un arrangement avec les autorités", ajoutait-il, indiquant être en contact "tous les jours" avec les autorités.
Manifestations anti-Europride
"La police a attendu le dernier moment possible pour interdire officiellement la marche de l'Europride. À chaque fois que cela est arrivé par le passé, la justice a considéré que l'annulation était inconstitutionnelle", a réagi ce mercredi Kristine Garina, la présidente de la fédération d'associations qui organise la Pride européenne.
Depuis plusieurs semaines, des opposants manifestent à Belgrade leur hostilité à l'idée que la ville accueille une marche européenne des fiertés, faisant craindre des difficultés de sécurité pour les participant·es à cette dernière. Des milliers de manifestants conservateurs, notamment de l'Église orthodoxe serbe, ont ainsi défilé dans les rues de Belgrade le dimanche 11 septembre pour réclamer l'interdiction de l'Europride. Alimentée par des groupes traditionalistes, d'extrême droite et religieux, une contre-manifestation étaient également prévue samedi 17 septembre. "Nous avons reçu de nombreuses menaces sur les réseaux sociaux", témoigne Goran Miletic.
La Serbie candidate à l'UE
"En accord avec la majorité des membres du gouvernement et avec la Première ministre [...], la Marche des fiertés, ou quel que soit le nom de cette chose, sera reportée ou annulée, comme vous voulez. Simplement, à un moment donné, on ne peut pas tout gérer", avait déclaré le 27 août à la presse le président serbe, Aleksandar Vucic. Une offensive d'autant plus étonnante que la Première ministre serbe – ouvertement lesbienne – devait prendre la parole ce mardi à l'occasion d'une conférence sur les droits humains organisée par l'Europride. "Cette interdiction démontre une incapacité totale de la Première ministre à diriger son pays ainsi que celle de la Serbie de protéger les libertés les plus essentielles du peuple serbe", pointe Kristine Garina.
Quelque 145 eurodéputés de 24 pays avaient exprimé publiquement leur soutien à l'Europride. "Si cette décision se confirme, alors il faudra sérieusement se poser la question de l’accession de la Serbie a l’Union européenne [le pays a officiellement le statut de candidat, ndlr], déclare auprès de têtu· l'eurodéputé (Renaissance) Pierre Karleskind, vice-président de l'Intergroupe LGBTI. L’adhésion aux valeurs n’est pas négociable." Également auprès de têtu·, le groupe Renaissance au Parlement européen ajoute : "Les députés Renew, avec les collègues des autres groupes progressistes, font pression auprès des autorités et avec la délégation de l’UE en Serbie pour trouver une solution qui pourra garantir la tenue de l’événement dans les meilleures conditions de sécurité." Le bras de fer n'est donc pas terminé.
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