droits humainsLa xénophobie et l'homophobie galopantes en Hongrie inquiètent le Conseil de l'Europe

Par têtu· avec AFP le 10/03/2023
Viktor Orbán dirige la Hongrie depuis 2010

Au pays de Viktor Orbán, les propos haineux se multiplient contre les demandeurs d'asile, les Roms, les musulmans et les minorités sexuelles, constate l'instance qui réunit les États signataires de la Convention européenne de sauvegarde des droits humains, appelant les personnalités publiques de Hongrie à réagir.

Chez têtu·, ça fait un bon moment que la dérive de la Hongrie nous inquiète… Ce jeudi 9 mars, dans un rapport sur cet État d'Europe centrale membre depuis 2004 de l'Union européenne (UE), portant sur la période 2018-2022, le Conseil de l'Europe exprime sa "préoccupation" face aux "propos haineux" ainsi qu'à la "xénophobie de plus en plus présente dans le discours politique" du pays dirigé par Viktor Orbán, visant pêle-mêle les demandeurs d'asile, les Roms, les musulmans et les minorités sexuelles.

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Le rapport émane de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance, l'une des instances thématiques du Conseil de l'Europe – organisation qui réunit à Strasbourg les 46 États signataires de la Convention européenne de sauvegarde des droits humains –, spécialisée dans les questions de discrimination en Europe. Elle se dit en particulier "préoccupée" par l'adoption en Hongrie, notamment à la faveur de l'état d'urgence instauré pour faire face à la pandémie de Covid-19, de lois "portant gravement atteinte" aux droits des demandeurs d'asile ainsi que des personnes LGBTQI+.

Dérive de la Hongrie de Viktor Orbán

L'instance déplore la ségrégation à l'égard des populations Roms qui demeure "très répandue" dans le secteur éducatif, et dénonce "la poursuite des expulsions forcées" à leur encontre, souvent sans "aucune solution de relogement". "Des actes racistes ciblant les musulmans ont également été signalés, prenant principalement la forme d’agressions verbales contre des femmes portant des symboles religieux visibles", relève le rapport.

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L'organisme adresse plusieurs recommandations aux autorités hongroises, leur demandant notamment de "faire procéder à un examen indépendant" des mesures adoptées pendant l'état d'urgence afin d'évaluer leur conformité aux droits humains. Il réclame un renforcement des services chargés d'identifier et de traiter les "infractions racistes" et à l'encontre des minorités sexuelles, et l'adoption d'une "stratégie pour l'intégration des migrants". Enfin, il appelle "les personnalités publiques, y compris les responsables politiques de tous bords, sont vivement encouragées à prendre rapidement, fermement et publiquement position contre l'expression de propos haineux".

L'instance relève néanmoins les "sérieux efforts" menés par Budapest pour accueillir les personnes fuyant la guerre en Ukraine, ainsi que l'adoption en 2019 d'un protocole pour améliorer les enquêtes policières sur les infractions "motivées par la haine". Reste qu'en septembre dernier, le Parlement européen avait déjà adopté un rapport affirmant que la Hongrie, dirigée depuis 2010 par le Premier ministre nationaliste et ultra-conservateur Viktor Orbán, n'était plus une véritable démocratie mais un "régime hybride d'autocratie électorale".

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Crédit photo : Viktor Orbán, par Attila KISBENEDEK / AFP