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cinéma"Adversaire", le film qui a retourné le festival Queer Lisboa

Par Franck Finance-Madureira le 05/10/2023
Le film suédois "Adversaire"

Si le film brésilien Règle 34 est sorti victorieux de la 27e édition du festival Queer Lisboa – on y fait référence dans l'article sur la nouvelle vague queer brésilienne du têtu· de l'automne disponible en kiosques –, Adversaire, dévoilé lors de la Berlinale, en est probablement la révélation.

La vie en Iran est devenue un enfer pour Iman, lutteur émérite et champion reconnu dans son pays. En raison de la situation politique et économique, bien sûr, mais aussi à cause d'un violent différent et surtout de dangereuses rumeurs. Alors il s'en va, et débarque en Suède avec femme et enfants – deux filles – pour tenter de prendre un nouveau départ. Mais alors qu'il renoue avec sa passion pour la lutte au sein d’un club local, Iman doit se confronter à ce qu'il ressent comme une sorte de démon intérieur. Entre le corps-à-corps qu’impose cette discipline et le désir d’étreindre, d’assumer son attirance pour les hommes, il n’y a pour lui qu’un pas.

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Si, dans Adversaire, la violence est partout (le film montre sans détour les difficultés rencontrées par les familles de réfugiés en Suède et les manifestations hostiles d’une partie de la population), le désir l'est donc tout autant. Mais Iman, empêtré par sa culture du secret et les promesses qu’il a faites à sa femme, enceinte de leur troisième enfant, se contente d’observer, en compagnie de Thomas, un nouvel ami et partenaire de lutte.

L'extrême droite suédoise anti-immigration

La force du deuxième film du réalisateur suédois Milad Alami – arrivé enfant en Scandinavie avec ses parents, réfugiés iraniens –, c'est le portrait qu'il tire de cet homme qui a passé une quarantaine d’années à taire ses désirs, et peine à trouver sa place dans une société moins corsetée, et plus libérée sur les amours homosexuelles. Avec son physique imposant de lutteur, sa masculinité puissante, le comédien Payman Maadi (découvert dans Une Séparation d’Asghar Farhadi) embrasse la tension permanente de son personnage en jouant de nuances, jamais complètement en maîtrise ni tout à fait dans l’abandon. Quant au récit, il ne se limite pas aux questionnements sur la bisexualité d'Iman, mais évoque les difficiles conditions de vie des réfugiés, mettant en scène les violences contestataires de la droite dure et anti-immigration suédoise.

Le film sera distribué en France dans les mois à venir par ARP. Pas de date de sortie connue pour l’instant.

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Crédit photo : capture d'écran, bande-annonce