droits humainsL'Irak vote une nouvelle loi condamnant l'homosexualité et la transidentité

Par têtu· avec AFP le 29/04/2024
Mohamed Chia al-Soudani, Premier ministre d'Irak.

Le Parlement irakien a adopté un nouveau texte de loi anti-LGBT criminalisant les relations homosexuelles et les transitions de genre, avec des peines pouvant aller jusqu'à 15 ans d'emprisonnement.

L'Irak se joint au concours Lépine international des pires lois anti-LGBT+. Le Parlement irakien a adopté ce samedi 27 avril un texte de loi criminalisant spécifiquement les relations homosexuelles et les transitions de genre, avec des peines pouvant aller jusqu'à 15 ans d'emprisonnement. La première mouture du texte prévoyait la peine de mort.

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Jusqu'à présent pour condamner les personnes LGBT+, l'Irak avait recours au code pénal de 1969, notamment à un article prévoyant "la prison à perpétuité ou plusieurs années d'emprisonnement" pour la sodomie. Les nouvelles dispositions prévoient des peines de dix à 15 ans de prison pour les relations homosexuelles, de même que pour les pratiques échangistes impliquant les épouses, d'après le texte consulté par l'Agence France-Presse (AFP). Comme dans la Russie de Vladimir Poutine, la loi interdit aussi "toute organisation faisant la promotion de l'homosexualité en Irak", avec une peine de prison de sept ans pour "la promotion" des relations homosexuelles. Elle proscrit encore "le changement de sexe biologique sur la base de désirs ou de penchants individuels" et prévoit une peine d'un à trois ans d'emprisonnement pour toute personne ou médecin impliqué dans cette transition. Une peine similaire est enfin prévue pour tout homme dont le comportement est jugé efféminé…

LGBTphobie meurtrière en Irak

Le vote du texte, initialement prévu mi-avril, avait été reporté pour éviter "d'impacter" une visite à Washington du Premier ministre, Mohamed Chia al-Soudani (en photo d'illustration), a reconnu le député à l'origine des amendements LGBTphobes, Raëd al-Maliki. "Il y a un refus américain et européen de la loi, a-t-il développé. Mais pour nous c'est une question interne, nous refusons toute ingérence." De fait, le Département d'État américain s'est dit "profondément préoccupé" par cette législation, par la voix de son porte-parole Matthew Miller, qui a déploré que le texte de loi menace les personnes les plus vulnérables de la société irakienne et "sape les efforts de réforme économique et politique du gouvernement"

L'ONG Amnesty International a également dénoncé auprès de l'AFP une "violation des droits humains fondamentaux", estimant que les nouvelles dispositions adoptées "mettent en danger des Irakiens déjà harcelés au quotidien", dans un pays conservateur où les minorités sexuelles vivent dans la clandestinité. "L'Irak a effectivement codifié en termes juridiques la discrimination et les violences dirigées depuis des années en toute impunité contre les membres de la communauté", analyse auprès de l'AFP Razaw Salihy, chercheuse chez Amnesty. Dans un rapport publié en 2022, Human Rights Watch (HRW) observait en effet que la petite communauté LGBT+ irakienne est la cible fréquente d'"enlèvements, viols, torture et assassinats" de la part de groupes armés jouissant "d'impunité".

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Crédit photo : Thaier Al-Sudani / AFP

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