La sprinteuse italienne Valentina Petrillo sera la première athlète transgenre à participer aux Jeux paralympiques, lors des épreuves de Paris 2024 du 28 août au 8 septembre.
Valentina Petrillo n'a pas encore mis un pied au Stade de France que l'orage gronde déjà au-dessus de sa tête. À 50 ans, elle sera la première athlète trans à concourir aux Jeux paralympiques, ceux de Paris 2024 (du 28 août au 8 septembre). Elle s'y alignera aux épreuves féminines de para athlétisme sur 200m puis sur 400m, ce qui lui vaut d'ores et déjà des critiques. "Nous recevons des mails et des messages discriminatoires affirmant que les personnes transgenres devraient concourir dans d'autres catégories", rapporte auprès de franceinfo Dario Merelli, représentant de l'association pour malvoyants dans laquelle évolue la sportive (l'ASD Omero Bergamo), avant d'ajouter : "Mais ce n'est pas nous qui établissons les règlements."
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La sportive évolue au sein de l'ASD Omero Bergamo depuis 2020, soit deux ans après le début de sa transition et de son traitement hormonal, qui lui permet d'avoir un taux de testostérone conforme à la réglementation de la Fédération internationale d'athlétisme. Atteinte du syndrome de Stargardt, une maladie ophtalmique rare qui induit une perte progressive de la vision, la sprinteuse sera le 2 septembre au premier tour du 400m en catégorie T12 réservée aux déficients visuels. "Le moment le plus important de ma carrière sportive, (…) mon rêve d'enfant", a-t-elle déclaré à l'Agence France-Presse (AFP). Même si elle est consciente que plus que ses performance, c'est son identité qui va lui valoir les feux des projecteurs, trois ans après l'haltérophile néo-zélandaise Laurel Hubbard devenue à Tokyo la première sportive transgenre à participer aux JO, voire des menaces ou du cyberharcèlement comme l'ont vécu pendant les Jeux de Paris les boxeuses algérienne Imane Khelif et taïwanaise Lin Yu-ting qui se sont retrouvées au coeur d'une controverse sur leur identité de genre.
La difficile inclusion trans en sport
Le parcours de sélection de l'Italienne n'a pas non plus été de tout repos, puisque les politiques concernant les athlètes transgenres divergent entre deux instances : la Fédération internationale d'athlétisme et la World Para Athletics, division du Comité international paralympique (IPS). La première interdit purement et simplement aux femmes trans de participer aux compétitions internationales afin, avait déclaré son président Sebastian Coe, de "maintenir l'équité pour les athlètes féminines avant toute autre considération". La deuxième reconnaît en revanche la légitimité des personnes légalement reconnues comme femmes à concourir dans leur catégorie, chaque cas étant cependant traité individuellement.
La flamme de Valentina Petrillo pour l'athlétisme s'est allumée en 1980, lors de la victoire de Pietro Mennea sur 200m aux Jeux de Moscou. De 2015 à 2018, elle remporte onze titres nationaux dans la catégorie masculine, avant d'entamer sa transition hormonale l'année suivante. Lorsqu'elle retrouve ses crampons sur les pistes féminines, sa présence est décriée. En 2021, une avocate lance même une pétition à destination de la Fédération italienne d'athlétisme, signée par une trentaine d'athlètes, afin de l'exclure. Valentina Petrillo ne se laisse pas démonter, et remporte deux médailles de bronze aux Mondiaux de 2023 sur 200m et 400m.
À Paris, elle n'arrive toutefois pas en position de favorite. "Nous n'attendons pas d'elle des résultats majeurs, car nous savons qu'il y a des femmes plus fortes qu'elle sur la scène internationale", explique Dario Merelli. "Valentina court très bien, mais aux Paralympiques, le niveau est très élevé. Il faudra aller très vite pour gagner une médaille. Par exemple, la Cubaine Omara Durand est très forte comparé à Valentina", ajoute la représentante des athlètes de l'association, Margherita Paciolla. Pour se dépasser, Valentina Petrillo ne pourra pas compter sur les encouragements de son pays… Après la victoire de la boxeuse algérienne Imane Khelif contre la boxeuse italienne Angela Carini, la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, avait déclaré : "Les athlètes qui ont des caractéristiques génétiques masculines ne devraient pas être admis aux compétitions féminines."
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Crédit photo : Valentina Petrillo via Instagram