justice"Un signal fort" : Thomas Jolly salue la condamnation de ses cyberharceleurs

Par Nicolas Scheffer le 06/05/2025
Thomas Jolly a reçu le têtu· de la personnalité de l'année 2024.

Des peines de prison et des amendes, les deux avec sursis, ont été prononcées à l'encontre des sept personnes jugées pour le cyberharcèlement de Thomas Jolly, le directeur artistique de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024.

Toutes les personnes poursuivies ont été condamnées pour cyberharcèlement et injures aggravées. Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé ce lundi 5 mai des peines à l'encontre des sept personnes qui comparaissaient pour le harcèlement numérique de Thomas Jolly, directeur artistique des cérémonies des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. "Le verdict rendu aujourd'hui par le tribunal marque un signal fort sur ce qu'est le cyberharcèlement en France : un délit qui ne reste pas impuni", a réagi le metteur en scène dans un texte publié en stories sur Instagram.

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Dans le détail, quatre personnes ont été condamnées à des peines de deux à quatre mois de prison avec sursis, et les trois autres à des amendes de 2.000 à 3.000 euros, également avec sursis. Les sept – six hommes et une femme âgés de 22 à 79 ans – devront effectuer un stage de citoyenneté de cinq jours et verser un euro de dommage et intérêts à la victime, ce qui aux yeux de la victime souligne "la nécessité d'éduquer et de sensibiliser aux conséquences du cyberharcèlement", un "fléau (…) qui touche durement la jeunesse".

Le tribunal a par ailleurs ordonné pour deux des prévenus la suspension de leur compte X (Twitter) pendant six mois. La 17e chambre du tribunal correctionnel n'a retenu la charge de menaces de mort qu'à l'encontre d'un seul prévenu, qui a écopé de la peine la plus lourde.

Thomas Jolly

Lors de l'audience, en mars, la procureure avait requis contre les prévenus trois à huit mois de prison avec sursis, dénonçant le sentiment d'impunité chez les internautes – un seul des prévenus s'est d'ailleurs déplacé au prononcé du délibéré. "On sait que ces propos peuvent ensuite armer une personne", soulignait-elle. "Le tribunal rappelle que l'on ne peut pas impunément se livrer au lynchage numérique d'une personne pour ses engagements publics, sa personnalité et que la liberté de création ne peut être attaquée", souligne Thomas Jolly, que têtu· avait désigné personnalité de l'année 2024.

Les messages envoyés postés à son endroit sur les réseaux sociaux étaient particulièrement violents : "Juif dégénéré", "tantouze", "Dieu ne t'oubliera pas", "Tu vas payer pour avoir manqué de respect à notre seigneur Jésus-Christ", sont une partie des 200 pages de messages de haine qui avaient été lues lors du procès.

Alors que la cérémonie d'ouverture a été saluée dans le monde entier, les réactionnaires s'en étaient pris au tableau "Festivité" qui mettait en scène de nombreuses personnes queers et notamment une partie des reines de Drag Race France. Au centre de cette fête païenne, la DJ Barbara Butch a également été la cible de messages haineux et de menaces sur les réseaux sociaux : trois personnes seront jugées pour ces faits en septembre et une quatrième, mineure au moment des faits, est poursuivie par le parquet de Saint-Etienne dans une procédure séparée. "Il reste encore beaucoup de chemin dans cette lutte, mais cette décision participe au fait que nous sommes sur la bonne voie, c'est aujourd'hui une victoire pour toutes les personnes cibles de cyberharcèlement", a encore salué Thomas Jolly, exprimant sa "solidarité" et son "soutien aux autres artistes de la cérémonie qui ont été injustement ciblés par ces attaques".

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Crédit photo : Jack Tribeca - Coadic Guirec / Bestimage

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