Insultes dans la rue, cyberharcèlement, violences physiques… les infractions anti-LGBT+ ont augmenté de 5% en France l'an dernier, selon les données 2025 du ministère de l'Intérieur dévoilées à l'occasion du 17 mai, journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie (Idahot).
"Les crimes et délits augmentent plus vite que les contraventions, or ils correspondent à des actes plus graves", signale Flora Bolter, co-directrice de l'observatoire LGBTI+ de la fondation Jean Jaurès. Comme chaque année à l'approche du 17 mai, journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie (Idahot), le ministère de l'Intérieur a dévoilé ses données concernant les infractions LGBTphobes : 4.800 infractions été enregistrées en 2024, dont 3.100 crimes ou délits (+7% en un an) et 1.800 contraventions (+1%).
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De son côté, le rapport annuel de SOS homophobie recense 1.571 témoignages récoltés l'an dernier via ses dispositifs d'écoute et de soutien aux victimes (ligne téléphonique 01.48.06.42.41, chat, mail). Plus de la moitié de ces témoignages dénoncent de la gayphobie (55%), 23% de la transphobie, 12% de la lesbophobie, 3% de la biphobie et 1% de l'intersexophobie. Si le nombre de témoignages est en baisse par rapport aux données particulièrement alarmantes de 2023, Julia Torlet, présidente de l'association, pointe l'aggravation d'un climat politique "délétère", avec une nouvelle multiplication des propos anti-LGBT+ qui "encourage les actes haineux" et leur "donne une légitimité". Et de rappeler : "Ces discours s'infusent dans la société et deviennent banals, ce qui est dangereux."
70% des crimes et délits ciblent les gays
Dans le détail des données du ministère de l'Intérieur, les victimes de crimes et délits répertoriés par les autorités restent majoritairement des hommes (plus de 70%) et près de la moitié ont moins de 30 ans. Les mis en cause sont, aussi, toujours principalement des hommes (83%) et également des jeunes de moins de 30 ans. Un tiers des infractions anti-LGBT+ enregistrées sont des injures ou diffamations, et 9% sont en lien avec le numérique. Les violences physiques et les menaces représentent respectivement près de 20% des crimes ou délits enregistrés. Enfin, le recours au dépôt de plainte reste "extrêmement faible" (environ 4%) parmi les victimes d'actes anti-LGBT+, selon l'enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure.
La hausse des infractions anti-LGBT+ confirme "une tendance de fond préoccupante", qui "s'inscrit dans un climat plus large de montée de toutes les formes de haine", analyse Mathias Ott, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT+ (Dilcrah), dans une déclaration transmise à l'Agence France-Presse (AFP), rappelant la nécessité de "combattre durablement les préjugés anti-LGBT+".
Le rejet des jeunes trans s'accroît
Les discours anti-LGBT+ des politiques "libèrent aussi la parole en ligne", dénonce Julia Torlet pour SOS homophobie : "On se retrouve avec une explosion de propos anti-LGBT et de cyberharcèlement", qui a notamment ciblé l'an dernier les personnalités queers qui ont participé aux cérémonies des Jeux olympiques de Paris 2024. La justice a récemment condamné certains des auteurs de ces messages adressés à Thomas Jolly, leur directeur artistique, tandis que trois personnes seront jugées en septembre prochain pour le cyberharcèlement de la DJ Barbara Butch.
Au-delà des crimes et délits LGBTphobes, le baromètre annuel de la Fondation Le Refuge (actionnaire de têtu·) réalisé avec BVA sur la situation des personnes LGBT+ en France montre "une hausse de la défiance de la société à l'égard des jeunes queers". Ainsi, 41% des Français (+4 pts) affirment qu'ils réagiraient mal si leur enfant était
transgenre, 22% (+4 pts) s'opposent à ce que l'État soutienne la mise en place de dispositifs spécifiques d'accueil pour les jeunes LGBT+ rejetés par leurs parents, 23% (+5 pts) s'opposent à une condamnation plus sévère des actes de haine anti-LGBT+. Résultat : 59% des personnes LGBT+ estiment qu'elles ne sont pas bien intégrées dans la société française.
>> Afin de sensibiliser l'opinion, têtu·, Le Refuge et la Dilcrah s'associent à travers un clip :
Crédit photo d'illustration : Xose Bouzas / Hans Lucas via AFP
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