LGBTQI+Chili : le parlement autorise le changement de sexe dès 14 ans

Par Marion Chatelin le 13/09/2018
Chili

Les députés chiliens ont adopté, mercredi 12 septembre 2018, une loi autorisant le changement de nom et de sexe dès 14 ans avec une autorisation parentale, à l'issue d'un intense débat au Chili, pays très conservateur.

Le texte, qui a recueilli 95 voix pour et 46 contre, avait déjà reçu le feu vert des sénateurs chiliens début septembre dernier. Il prévoit que les personnes majeures puissent changer de nom et de sexe à l'état
civil, tandis que les adolescents âgés de 14 à 18 ans devront être accompagnés d'un représentant légal pour effectuer cette démarche. En l'absence de celui-ci, ils pourront néanmoins faire appel à un juge.

Événement historique

La loi doit encore être promulguée par le président de droite Sebastian Piñera, et des parlementaires conservateurs n'écartent pas de saisir le Tribunal constitutionnel du pays.

« Nous sommes face à un événement historique, que nous célébrons avec émotion et joie car cela va améliorer la qualité de vie de milliers de personnes qui avaient vu le respect de leur dignité et de leurs droits mis à l'écart à cause de préjugés sur l'identité de genre », s'est félicité le dirigeant trans' du Mouvement d'intégration et libération homosexuel (Movilh), Alvaro Troncoso.

https://twitter.com/MOVILH_Maule/status/1040033520876433414

« Une femme fantastique »

Le texte de loi, déposé sous le premier mandat de M. Piñera (2010-2014), avait été porté par le succès d' « Une femme fantastique », un film interprété par l'actrice transgenre Daniela Vega et qui avait remporté en mars 2018 l'Oscar du meilleur film étranger. Son personnage de Marina, amoureuse d'un homme, assignée homme à la naissance et devant se battre contre tous après le décès de son compagnon, lui a offert un rôle bouleversant qui a fait sensation dans les festivals du monde entier avant de conquérir Hollywood.

Le film a aussi permis « que les gens connaissent notre réalité et aient une certaine empathie », a déclaré à l'AFP Alessia Injoque, informaticienne et activiste transgenre de 35 ans.

Cette nouvelle mesure s'inscrit dans une série de réformes progressistes impulsées par l'ex-présidente socialiste Michelle Bachelet, dont la dépénalisation de l'avortement. Pour l'instant, seule une forme d'union civile homosexuelle est reconnue au Chili, mais un projet de loi autorisant le mariage et l'adoption des couples du même sexe a été déposé fin août 2017 au Parlement.

(Avec AFP)

Crédit Photo : FRANCESCO DEGASPERI / AFP.