Depuis plusieurs années, Belgrade est en pleine ébullition. L'émergence d'une scène gay underground est un exemple du renouveau en marche dans la capitale serbe.
Ne tournons pas autour du pot et plantons le décor d’entrée de jeu : Belgrade est-elle gay-friendly ? Cette question n'appelle pas une réponse ferme et définitive ; à l'image de la capitale serbe, pleine de contradictions. D'un côté, on ne cesse de nous la vanter comme "la nouvelle Berlin" ; tandis que, de l'autre, on nous rappelle à l'envie que l'organisation d'une Marche des fiertés y est un véritable chemin de croix (à ce sujet, le film La Parade, du réalisateur serbe Srđan Dragojević, est un véritable bijou cinématographique). La réponse se trouve donc à mi-chemin entre ces deux antipodes.
Une ville en devenir
Belgrade renaît de ses cendres, au sens propre ! Maintes fois détruite et reconstruite - les derniers bombardements de l'OTAN datent de 1999 -, la ville n'est pas de celle qui éblouit au premier regard. Le Corbusier aurait même jugé très sévèrement la capitale serbe : "Belgrade est la ville la plus laide du monde, mais avec la meilleure position géographique du monde." Il faut l'arpenter patiemment, d'un œil empathique et généreux. Ce n'est que comme cela que Belgrade s'offrira au touriste inspiré. Il découvrira un patrimoine riche et varié.
En se baladant dans les quartiers de Kosancicev Venac et de Skadarlija, on peut entrevoir ce que fut Belgrade avant les bombardements successifs qui ont meurtri la ville. Au hasard d'une promenade, on découvrira des façades inspirées par la sécession viennoise et la Belle Époque. Le Palata Albanija, situé dans le quartier de Terazije, est quant à lui un bel exemple de l'architecture moderniste des années 40. La Cathédrale de Saint-Sava est, quant à elle, la plus grande église orthodoxe du monde et un magnifique témoignage du style serbo-byzantin. Mais ce qui fait le charme alternatif de Belgrade ainsi que son renouveau culturel et festif, ce sont bien ses usines et bâtiments désaffectés - hérités de l'ère soviétique - et qui trouvent aujourd'hui une nouvelle jeunesse.
Un scène gay underground
Ce foisonnement architectural est le terreau urbain propice au développement d'une culture underground. Des organisations artistiques et culturelles se sont emparées de ses lieux abandonnées et disgracieux pour les rendre vivants et beaux, tant ils bouillonnent d'énergie créative. C'est dans le quartier alternatif et hautement branchouille de Savamala que se trouvent la plupart des squats arty et festifs de la capitale serbe : le Bigz (galerie d'art, boutique, concerts...), le Milkser House (concept-store, bar, festivals, expos...). Toujours dans le quartier de Savamala, ne manquer pas le KC Grad, un centre culturel gay-friendly qui organise également des soirées à destination de la communauté homosexuelle.
Car Belgrade sait faire la fête et accueille notamment plusieurs établissements gays et gay-friendly, certes cachés, mais qui raviront les amateurs de culture underground aux accents berlinois. Le Musk, près du Dom omladine Beograda (un centre culturel dédié aux jeunes), est un petit club très populaire (il peut très vite se remplir) accueillant une clientèle assez jeune et qui organise de temps à autres des soirées karaoké. Non loin, le Smiley est un petit bar LGBT qui attire une clientèle plus âgée. Enfin, le Pleasure est LE lieu pour danser jusqu'au bout de la nuit, lequel accueille une clientèle très variées, LGBT et hétéros.
Un pays tourné vers l'avenir
Même si ces lieux sont loin d'avoir pignon sur rue, ils restent des endroits relativement sûrs et bien fréquentés. Ainsi, on ne risque pas plus de se faire passer à tabac à Belgrade qu'à Rome. Un seul conseil, restez un tant soit peu discrets en évitant les démonstrations publiques d'affection, la population locale n'étant pas farouchement opposée à la communauté homosexuelle mais préférant que cela se fasse à l'abri des regards. De cette manière, vous profiterez pleinement d'une ville dont il serait dommage de se priver et qui a tant à offrir.
Et puis les choses changent inexorablement en Serbie, notamment sous les instances de l'Union européenne qui ne transige pas sur les droits des minorités. La récente nomination d'une ministre ouvertement lesbienne est le signe de cette ouverture de la société serbe. Car Belgrade comme le reste du pays n'est pas tourné vers son passé douloureux mais vers son avenir radieux.
Crédits photos : Instagram
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