Croisières gays, trekking entre hommes, safari gay-friendly... le tourisme gay ne se cache plus et est passé, en quelques années, d'un marché de niche à un marché juteux.
Né au Etats-Unis dans les années 80, le tourisme gay s'est peu à peu répandu autour du globe (enfin presque) pour devenir un marché d'avenir pour les professionnels du secteur. Aidé par l'émancipation de la communauté LGBT puis par les avancées législatives obtenues dans de nombreux pays, l'Europe n'échappe pas au boom du tourisme gay même s'il existe de nombreuses spécificités par rapport au marche étasunien.
Un marché à conquérir
Aujourd'hui, de nombreuses destinations et professionnels jouent la carte gay-friendly pour attirer une clientèle qui aime voyager et ce pour deux principales raisons. Tout d'abord car les couples gays ont (en général) deux revenus et pas d'enfants. C'est la catégorie sociologique que les Anglo-Saxons appellent les DINKS (Double Income No Kids). Cela ne veut pas dire que les couples gays soient plus riches mais ils auront de fait un revenu disponible plus élevé à consacrer aux loisirs, dont le voyage. Seconde raison : n'ayant pas d'enfants, ils ont plus de temps pour voyager.
Ceci représente un véritable levier de croissance pour les professionnels du tourisme, tout comme le tourisme à destination des seniors, également en plein essor du fait de l'allongement de la durée de vie et des acquis sociaux autour des retraites. Aux Etats-Unis, le tourisme gay représenterait environ 10% du marché touristique. En Europe, et notamment en France, il reste beaucoup de choses à faire pour le développer et le démocratiser, le marché n'ayant pas encore la maturité de son homologue américain.
Le secteur se structure
Mais qu'est ce que le tourisme gay concrètement ? Au-delà des croisières gays - auxquelles nous avons récemment consacré un article -, c'est tout un secteur d'activité qui évolue pour répondre à une demande grandissante. Une association internationale du tourisme LGBT a été créée en 1983 aux Etats-Unis, l'IGLTA (International Gay and Lesbian Travel Association). C'est un acteur clé dans la promotion du tourisme gay puisqu'elle fédère plus de 2.000 membres (tours opérateurs, compagnies aériennes, hôtels, offices de tourisme...) à travers le monde. On retrouve évidemment des destinations emblématiques comme Ibiza, Sitgès, San Francisco ou Mikonos mais d'autres viennent petit à petit gonfler les rangs des endroits gay-friendly de la planète, souvent en lien avec une évolution législative et des mentalités, à l'image de Buenos Aires ou du Mexique. En plus de référencer les professionnels du tourisme LGBT, l'IGLTA fonctionne comme une sorte de label certifiant que les acteurs et les destinations s'engagent à respecter la diversité et à faire preuve de tolérance. D'ailleurs, l'IGLTA décerne chaque année le Prix de la meilleure destination LGBT.
Car c'est bien cela qu'attendent les touristes LGBT, des destinations accueillantes où l'on se sente libres : des hôtels où l'on peut demander un lit double sans se sentir jugé, des villes où l'on peut se tenir la main sans craindre pour sa sécurité... D'ailleurs, les professionnels du secteur se défendent des accusations de communautarisme ou de pink washing qui peuvent leur être adressées jusque dans les rangs mêmes de la communauté LGBT. Ce besoin de sécurité et de liberté doit être entendu, respecté et traduit dans des offres spécifiques à destination de la communauté gay. Ensuite, libre à chacun d'y être sensible ou pas. Mais ne pas s'adresser à cette communauté en particulier serait dommageable pour les professionnels autant que pour les voyageurs.
Crédits photos : Les Amants passagers de Pedro Almodovar