Marche des fiertésLiban : Les menaces religieuses perdent une manche contre les LGBT

Par Julie Baret le 17/05/2017
Liban Beirut Pride Proud Lebanon

Au Liban cette année, la lutte contre l'homophobie et la transphobie rayonne une semaine entière depuis la capitale, n'en déplaise à certaines instances religieuses...

La lutte contre l'homophobie et la transphobie, à laquelle la journée du 17 mai est internationalement consacrée, résonnera bien à Beyrouth où la plateforme Beirut Pride a déployé une semaine de festivités; une première dans le pays du Cèdre censée démarrer par un séminaire d'ouverture organisé à l'hôtel Monroe par l'association Proud Lebanon. Diffusion d'un documentaire, représentation théâtrale, publication d'un rapport sur la torture et les abus à l'égard de la communauté homosexuelle... Les propositions étaient multiples pour concerner et intéresser la centaine de militants, journalistes et médecins attendus dimanche 14 mai. Mais l'agenda de la journée a finalement été dicté par la Ligue des oulémas des musulmans au Liban, composée de nombreux salafistes, qui a vivement condamné cette réunion "obscène", allant jusqu'à lancer d'explicites appels à la violence sur Facebook en menaçant les autorités de recourir "à la force (...) pour empêcher le déroulement de cet événement", rapporte Courrier International.
Si la communauté libanaise est habituée à ce type d’intimidations, il n'en est pas tant de l'hôtel qui, craignant pour sa propre sécurité, a annulé sa participation à la veille de l'évènement.

Amochée mais pas annulée

Cette pression répétée des instances religieuses n'empêche pas à la Beirut Pride de suivre son cours rythmé d'une exposition sur la fluidité du genre dans la mode, d'ateliers drags, de séances de lecture publique, de projections de films queers (Carol, Tomboy...) et qui sera clôturée par une Pride suivie d'un Drag Show le 21 mai.
Si le Code pénal libanais conserve un article 534 condamnant d'une peine de prison (un mois à un an) et d'une amende les "relations sexuelles contre nature", et si les lieux de rencontre gays sont régulièrement victimes d'assauts policiers, le Liban bénéficie pour autant d'une relative tolérance à l'égard de l'homosexualité comparé à ses voisins.
L'association Proud Lebanon assiste ainsi depuis 2013 les LGBT libanais, mais aussi les réfugiés LGBT venus de Palestine, d'Irak ou de Syrie, où être homosexuel est passible de la peine capitale.
Dans le pays, la société civile se concentre également autour d'un autre combat : un groupe de député se prépare à proposer l'abrogation d'un article de loi qui permet à un violeur d'échapper à la justice s'il épouse sa victime.
 
Couverture : Beirut Pride/Facebook
 

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