L'Union européenne (UE) a annoncé, jeudi 15 novembre 2018, qu'elle réexaminait son aide financière à la Tanzanie en raison de la dégradation récente du respect « des droits de l'Homme et de l'Etat droit » dans le pays.
L'élément déclencheur : la campagne contre les homosexuels lancée par le gouverneur de la région de Dar es Salaam.
Fin octobre, le gouverneur et proche du président John Magufuli, a appelé ses administrés à dénoncer les homosexuels. Quelques jours plus tard, une dizaine d'hommes ont été arrêtés, soupçonnés « d'homosexualité ».
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L'UE préoccupée
La haute représentante pour les affaires étrangères de l'UE, Frederica Mogherini, s'est exprimée dans un communiqué, publié ce jeudi 15 novembre, déclarant que « l'UE et ses États membres sont préoccupés de l'évolution politique en cours en Tanzanie ». Elle a invoqué « un rétrécissement de l'espace public en Tanzanie dû au durcissement des restrictions sur les activités des organisations de la société civile, les médias et plusieurs partis politiques ».
« L'UE est très préoccupée par la détérioration de la situation des personnes LGBT », a-t-elle ajouté.
En conséquence l'union européenne premier contributeur d'aide pour le développement en Tanzanie avec près de 100 millions de dollars chaque année (88 millions d'euros), a indiqué qu'elle allait « engager une réévaluation complète de ses politiques ».
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« Propos homophobes inacceptables »
La pression internationale s'accentue sur le président John Magufuli, accusé de réprimer les opposants politiques, la presse indépendante et les investisseurs étrangers depuis sa prise de pouvoir il y a trois ans. La décision de l'UE coïncide avec le refus par la Banque Mondiale d'accorder un prêt de 300 millions de dollars (265 millions d'euros) pour l'éducation des jeunes filles, en réaction à une mesure qui vise à expulser les jeunes femmes enceintes des écoles et leur interdit de poursuivre leurs études après l'accouchement.
Cette semaine, le Danemark a déjà annoncé qu'il retirait 10 millions de dollars (8.8 millions d'euros) d'aide à la Tanzanie, une décision justifiée par la ministre du Développement danoise Ulla Tornaies qui a évoqué des « propos homophobes inacceptables ».
L’homosexualité constitue un crime en Tanzanie, puni d’une peine minimale de 30 ans et pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité.
Crédit photo : Frédéric Noy.