PMA"On ne peut pas s'enfermer dans un carcan idéologique" : ces députés LR favorables à la PMA pour toutes

Par Youen Tanguy le 26/09/2019
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Ils s'appellent Maxime Minot, Valérie Bazin-Malgras ou Nadia Ramassamy. Ils sont députés de droite et favorables à la PMA pour toutes. TÊTU les a rencontrés.

Seuls contre tous. Des "ovnis" dans leur parti. Chez Les Républicains (LR), ils ne sont qu'une poignée de députés à se dire ouvertement favorables à l'ouverture de la PMA à toutes les femmes. Et alors que les débats relatifs à la loi bioéthique viennent de débuter à l'Assemblée, ça commence à se voir dans l'hémicycle.

Mardi 24 septembre, c'est le jeune député de la 7è circonscription de l'Oise, Maxime Minot qui est monté à la tribune pour défendre ses convictions. "La société évolue, la famille aussi, a-t-il plaidé. Elle n'est plus une institution sociale patriarcale, mais le lieu d'un accord libre et volontaire. Je me refuse, pour ma part, d'être enfermé dans une droite."

Et d'ajouter : "En soutenant ce projet de loi je me suis senti pointé du doigt, parfois même marginalisé, mais je refuserais toujours de bafouer mes convictions pour plaire un camp ou pour séduire à un électorat".

"On s'est rendu compte qu'on était cinq, alors on s'est regroupés"

Dès le lendemain, à droite de l'hémicycle, ces députés sont assis sur la même rangée. "On s'est rendu compte qu'on était cinq, alors on s'est regroupés", confie avec le sourire Maxime Minot à TÊTU. Amendement après amendement, ils lèvent la main pour s'opposer à une majorité des propositions de leurs collègues qui veulent la suppression pure et simple et de l'article premier du projet de loi, qui prévoit l'ouverture de la PMA à toutes les femmes.

Mais face aux propos de leurs collègues, il n'est pas toujours évident de garder son calme. On a par exemple vu Maxime Minot lever les yeux au ciel quand Marc Le Fur a estimé que la PMA pour toutes représentait une "rupture de civilisation." "On ne peut pas s'enfermer dans ce carcan idéologique, un peu conservateur et archaïque, martèle le jeune député. Il (Marc Le Fur, ndlr) avait des propos vieux de 30 ans. La famille ça n’est plus "un papa et une maman". "

"Nous on est convaincu d’avoir raison et lui il est convaincu d’avoir raison (rires), lance à TÊTU Valérie Bazin-Malgras, députée de la 2è circonscription de l'Aube. Je ne partage pas du tout cette vision (venant de son groupe, NDLR) qui me semble un petit peu rétrograde, mais chacun est libre de ses choix."

"Ca ne fait que renforcer notre envie de porter une autre voix"

Pour autant, ils se disent heureux de porter cette "voix" différente au sein de leur parti. "Je me sens très à l’aise malgré ce que les autres pourraient penser, ajoute la députée de l'Aube. J’estime que de nos jours, contraindre une femme à aller dans un autre pays pour faire un enfant c’est malheureux". "Leur propos ne font que renforcer notre envie de porter une autre voix", sourit de son côté Maxime Minot.

Ont-ils déjà eu envie de claquer la porte ? Si Valérie Bazin-Malgras et Nadia Ramassamy assurent que non, Maxime Minot est moins catégorique : "Il ne faut pas se leurrer, bien sûr que ça m’a traversé l’esprit. Je me sens un peu un ovni dans le groupe, mais je l’assume complètement (...) ce qui fait la force de notre famille politique c’est qu’on a toujours été libres de penser ce qu’on veut et de voter ce qu’on veut".

"Même si j'ai des convictions personnelles, quand on est député, on a pas le droit de voir les choses par rapport à ses propres convictions, assure de son côté Nadia Ramassamy, députée de la 6e circonscription de La Réunion, également favorable à la GPA éthique. L'intérêt général doit primer."

Maxime Minot victime de menaces de mort

"Bien qu'ils n'aient pas encore parlé depuis le début, d'autres parlementaires seront favorables au texte, assure Maxime Minot. Mais pour certains, électoralement, c'est compliqué de l'afficher médiatiquement". Et le député en a fait les frais. Mardi soir, après sa tribune à l'Assemblée, il dit avoir reçu des dizaines de messages d'insultes et de menaces de mort.

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