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newsPMA : les dons de sperme peuvent provisoirement changer de région

Par Nicolas Scheffer le 08/03/2024
Loi bioéthique : après la loi, les premières PMA retardées faute de paillettes de sperme ?

Pour pallier les inégalités territoriales d'accès à la procréation médicalement assistée (PMA), l'Agence de la biomédecine annonce que les paillettes résultant des dons de sperme peuvent provisoirement voyager entre hôpitaux d'une région à l'autre.

Les associations de familles homoparentales en faisaient la demande de longue date. Les paillettes issues de dons de sperme pourront désormais voyager d'une région à l'autre, annonce l'Agence de la biomédecine. Ainsi, un premier don partira le lundi 11 mars du centre hospitalier universitaire (CHU) de Rennes pour être utilisé à Lille. À ce stade, cette possibilité de transferts de paillettes n'est que provisoire, jusqu'au 31 mars 2025. Mais après une évaluation d'impact, indique l'Agence, cela "pourrait ultérieurement devenir la règle en matière de don de gamète". "Pour l'heure, rien n'est encore acté", tempère l'institution jointe par têtu·.

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"Cette stratégie de redistribution des paillettes de spermatozoïdes est d’autant plus importante qu’elle permet aux centres de dons de constituer leur stock de paillettes de donneurs 'nouveau régime'", poursuit l'Agence de la biomédecine. En effet la dernière loi de bioéthique, votée en 2021 et qui a ouvert la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes seules et aux couples de femmes, a modifié une règle importante en matière de don de sperme. Jusqu'alors, celui-ci était strictement anonyme. Désormais, les enfants nés du don peuvent, à leur majorité et s'ils le souhaitent, accéder à l'identité du donneur (prénom, nom et date de naissance). Mais pas question de mettre à la poubelle les stocks des "banques de sperme" issus de donneurs qui n'avaient pas consenti à ce que leur identité soit dévoilée. La loi a donc prévu une période de transition jusqu'au 31 mars 2025, au terme de laquelle ces stocks devront être détruits.

Inégalités d'accès à la PMA

Parallèlement, l'ouverture de la PMA a nettement augmenté le nombre de demandes. Or, explique l'agence, "le nombre de nouveaux donneurs n'a pas augmenté aussi vite que celui des demandes de prise en charge, malgré d'importants dispositifs de communication et une très forte adhésion de l'opinion à la nouvelle loi". De plus, il est demandé à la personne qui porte l'enfant de partager des caractéristiques physiques avec le donneur, en particulier sa couleur de peau. Or, les centres d'étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos) manquent cruellement de donneurs racisés, et ces dons sont mal répartis dans la France.

Résultat, l'accès effectif à la PMA est différent selon la région où l'on habite."Des hétérogénéités existent sur le territoire, tant sur la qualité et le nombre de paillettes de spermatozoïdes détenues par les centres de don, que sur la disparité des caractéristiques physiques des donneurs", résume l'Agence de la biomédecine dans son communiqué. En octobre dernier Sarah El Haïry, alors ministre et enceinte via une PMA, témoignait auprès de La Tribune : "Nous avons eu de la chance car en région parisienne il n'y a pas de pénurie de gamètes, ce qui n'est pas le cas partout en France, malheureusement."

Ces difficultés cumulées rallongent substantiellement les délais d'accès à la PMA. En moyenne, il faut attendre près d'un an et demi entre le premier rendez-vous et la première tentative d'insémination. L'opération de transferts repose sur la solidarité entre hôpitaux, aucun centre n'étant obligé de céder ses paillettes. L'agence annonce par ailleurs une nouvelle campagne de promotion du don de sperme "en 2024 pour augmenter massivement le nombre de donneurs". Autre piste que nous suggérons : simplifier drastiquement le parcours de don !

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