Évoquant sur France Inter le cas des "zones sans LGBT" en Pologne, le nouveau Secrétaire d'Etat chargé des affaires européennes a dit souhaiter l'instauration d'un système permettant des sanctions économiques à l'égard des pays membres ne respectant les droits des personnes LGBT+.
La question de la sanction des pays européens prenant pour cibles les personnes LGBT+ se précise. Invité ce matin chez nos confrères de France Inter, le fraîchement nommé secrétaire d’État chargé des affaires européennes, Clément Beaune, a fait part de son souhait de mettre en place un système de sanctions européennes visant les pays qui ne respecteraient pas les droits des personnes LGBT+. Il rompt ainsi avec la frilosité de sa prédécesseure, Amélie de Montchalin, sur ce sujet. Et surtout avec le silence assourdissant du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
"Scandaleux, effrayant"
"Il y a (...) des zones en Pologne, parfois déclarées par des municipalités, dites 'LGBT free'. Des commerces, des quartiers de centre-ville où l'ont dit que des gens en raison de leur orientation sexuelle ne sont pas les bienvenus. C'est évidemment scandaleux, effrayant et c'est au sein de l'Europe que cela se passe", a rappelé Clément Beaune pour qui ces faits appellent une "mobilisation politique".
Le secrétaire d'État qui ne veut pas de se contenter d'une "déploration ou d'une dénonciation" se dit déterminé à agir. "On doit avoir des mécanismes de sanctions, a-t-il avancé toujours au micro de France Inter. Est-ce qu'on les a aujourd'hui ? Moi je suis honnête : pas encore. On a des procédures européennes qui sont longues, compliquées, qui ne sont pas à la hauteur. C'est pour ça que c'est important de mener ce combat sur l'état de droit. Pour qu'aujourd'hui un pays qui ne respecte pas les valeurs élémentaires d'indépendance des médias, du respect des droits des personnes, soit sanctionné financièrement s'il le faut."
Le secrétaire d'État voit dans les négociations sur le plan de relance européen une ébauche d'un mécanisme permettant de condamner financièrement les pays ne respectant pas les droits humains et notamment ceux des personnes LGBT+ :
"On n'a pas encore cet outil. Mais on l'a lancé avec ce budget. j'espère qu'on l'aura dans les prochains mois", avant d'ajouter : "Il faut se battre parce qu'on voit qu'au sein de l'Europe l'acquis des libertés, l'acquis de la dignité des droits des personnes n'est pas totalement consolidés. Il est fragile. Des pays qui ont rejoint l'Europe parce que c'était l'espoir, parce que c'était la liberté, montrent parfois ils reviennent en arrière."
.@CBeaune : "Il y a par exemple en #Pologne des zones #LGBTFree, on doit le dénoncer, #sanctionner, financièrement s'il le faut. Au sein de l'Europe, l'acquis des #droits des personnes n'est pas encore consolidé, il est fragile" #Europe #UE #le69inter pic.twitter.com/u7B27Vo5cD
— France Inter (@franceinter) July 29, 2020
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"Pas d'Etat de droit, zéro euro"
La position de la France sur le traitement des personnes LGBT+ en Europe de l'Est et notamment en Pologne se précise enfin. Dans une tribune commune, publiée en juin dernier, les ministres des Affaires européennes de la France, de l’Allemagne et de la République tchèque condamnent la régression des droits LGBT+ en Europe de l’Est… sans jamais nommer la Pologne et la Hongrie, ni prononcer le terme de sanction.
Lors des négociations sur le plan de relance européen, le ton s'était fait plus clair. Plusieurs dirigeants politiques ont clairement émis l'idée de sanctionner financièrement les pays ne respectant pas les droits des personnes LGBT+. "Si on accepte qu’un pays condamne une minorité sexuelle, demain, ce sera la religion et le jour suivant la couleur de peau" a ainsi déclaré Xavier Bettel, le premier ministre Luxembourgeois ouvertement homosexuel avait déclaré.
La France et l'Allemagne avaient plaidé pour réduire l'aide financière octroyée aux pays ne respectant pas les droits de l'homme. "C’est simple, pas d’État de droit, zéro euro" avait déclaré le président Emmanuel Macron. Des menaces que le premier Ministre polonais, Mateusz Morawiecki avait accueillies par un haussement d'épaule : "Il n’y aura pas de lien direct entre le soi-disant État de droit et les ressources budgétaires." "Ils ont voulu introduire un nouveau système mais on les en a empêchés", fanfaronnait son homologue hongrois Viktor Orban.
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