JaponAu Japon, un élu reproche aux personnes LGBT+ de faire baisser le taux de natalité

Par Nicolas Scheffer le 07/10/2020
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Selon ce conseiller d'arrondissement, les LGBT+ empêchent le renouvellement de la population. Les associations dénoncent un discours politique discriminant.

Sa circonscription du Nord de Tokyo au Japon "va s'éteindre" si les droits des personnes LGBT+ sont maintenus. C'est ce que dit (sans rire) un conseiller municipal du parti au pouvoir qui accuse la communauté LGBT+ de faire baisser la natalité au Japon.

"Si toutes les Japonaises étaient lesbiennes ou si tous les Japonais étaient gays, vous pensez que la nouvelle génération verra le jour ?", demande Masateru Shiraishi lors d'un conseil d'arrondissement le 25 septembre. L'assemblée débattait justement du taux de natalité, considéré comme trop bas. Au Japon, le mariage pour tous n'est pas reconnu, mais les militants des droits LGBT+ ont obtenu des changements au niveau local. Dans tout le pays, 50 localités (dont l'arrondissement en question) proposent des "pactes civils" pour les couples LGBT+, explique Japan Times.

Des excuses maladroites

"Je ne cherchais pas à m'immiscer dans la vie d'une personne LGBT+", a tempéré le responsable politique de 78 ans membre du parti libéral démocrate (PLD, majoritaire au niveau national). "Se marier normalement, avoir des enfants normaux et les éduquer de façon normale (sic) est très important pour les gens", a-t-il ajouté avant d'insister pour que l'école enseigne de telles valeurs. Rapidement,  les réseaux sociaux ont dénoncé ce discours LGBTphobe.

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"Je m'oppose totalement au fait qu'un homme qui propage de telles idées discriminatoires puisse représenter des électeurs", a déclaré Soshi Matsuoka, à la tête d'une ONG de défense des droits des personnes LGBT+, dans une tribune publiée par Yahoo Japan. Il indique qu'environ la moitié des ados LGBT+ sont victimes d'intimidations à l'école et que la situation ne s'améliore pas.

"J'aimerais que Shiraishi corrige ses propos qui découlent de préjugés discriminatoires. Les personnes LGBT ne sont pas responsable de la chute du taux de natalité", a poursuivi Takeru Shimodaira, militant de l'Alliance japonaise pour la législation LGBT, qui travaille à la fin des discriminations contre les personnes LGBT+ dans la loi.

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Des précédents au sein du parti au pouvoir

En 2018, une parlementaire du même parti, Mio Sugita, a été sévèrement critiquée pour des faits similaires. Dans la presse, elle a affirmé que le gouvernement ne devrait pas promouvoir le mariage pour tous parce que les personnes LGBT ne sont pas "productives" car "elles ne font pas d'enfants". Fin septembre, le même jour que Masateru Shiraishi, cette députée ultraconservatrice en a rajouté une couche. Elle a affirmé que "les femmes peuvent mentir autant qu'elles le veulent" à propos des violences sexuelles.

 

Crédit photo : Capure d'écran YouTube / Takashi Makabe