Chaque année, on y revient. Et tous les ans, un peu avant Noël, les artistes du continent américain redoublent d’effort pour tenter de détrôner Mariah Carey, sacrée icône des fêtes de fin d’années grâce à son tube « All I Want For Christmas ». Les reprises des standards du genre s’enchaînent, toujours plus insipides, quand certains optent pour des chansons originales plus ou moins inspirées, qui rejoignent assez rapidement les bacs de liquidation des disquaires, et le fond des playlists dédiées sur les plateformes de streaming musical.
Sublime et indémodable
Alors quand on a appris que Pierre Lapointe préparait un album de « Chansons Hivernales » (le titre de cet opus), on a d’abord eu peur. Peur que celui qui nous fait frissonner de sa belle tristesse se soit noyé dans le caramel des boites de chocolats qu’on offre à cette grand-mère qui n’aime rien. Peur qu’il ait voulu mettre des cloches partout, peur qu’il en devienne une, étouffé par les bons sentiments obligatoires de cette époque de l’année qu’on déteste autant qu’on adore. Mais c’est mal connaître le chanteur québécois.
En onze titres originaux, les arrangements aussi sublimes qu’indémodables et les textes ciselés prouvent que Pierre Lapointe est à la hauteur de sa réputation, et de l’héritage des plus grands chansonniers francophones. Exit, le petit Jésus, la crèche, les rois mages et le décorum. Noël est ici un espace d’introspection, de bilan, de réflexion sur ses amours passées. Mais aussi le lieu d’histoires résolument modernes, d’un coming out qui tourne mal, ou d’un couple à distance qui vacille. Face à cet objet musical, on a eu envie d’en savoir plus. Et comme « six heures d’avion nous séparent », on a fait un Facetime.