Le Fidesz hongrois ne fait plus partie du groupe majoritaire à droite au Parlement européen. Une décision qui réjouit les militants LGBTQI+, mais qui semble diviser la droite française...
Les eurodéputés du parti du Premier ministre hongrois, Viktor Orban, sont partis d'eux-même. Craignant d'être mis à l'écart, ils ont choisi de quitter le Parti populaire européen, après des années d'entente difficile. Certains des membres du PPE, la principale formation de droite, voulaient exclure le Fidesz, dont les positions sont extrêmes. Une bonne nouvelle, à entendre les militants LGBTQI+ en Europe.
BREAK: Following this morning’s vote @FideszEP have QUIT the @EPPGroup
Walked before being pushed
But significant moment for Europe’s largest centre right grouping and Viktor Orban pic.twitter.com/VliNhta8Ra
— Darren McCaffrey (@DarrenEuronews) March 3, 2021
C'est une simple réforme des statuts du groupe, ce mercredi 3 mars, qui a mis le feu au poudres. La modification des règles internes a permis des sanctions contre une délégation entière et non plus seulement des parlementaires. Le Premier ministre hongrois lui-même a dénoncé un "geste hostile", visant "clairement" sa formation. Résultat, "je vois informe que les membres du Fidesz se retirent du groupe PPE". Une démission "avec effet immédiat", indique le dirigeant, via une lettre publiée sur Twitter.
Un jour "historique"
La modification des règles est "antidémocratique, injuste et inacceptable", reproche-t-il. "Il est tout à fait décevant de voir que le groupe PPE tente de réduire au silence nos eurodéputés démocratiquement élus", écrit-il. "C'est un jour historique pour le PPE et l'Europe. Quasiment tous ceux du groupe ont perdu le peu de confiance qu'ils gardaient en l'autoritaire Orban", s'est réjouit le député PPE Petri Sarvamaa, rapporteur d'un texte sur l'État de droit.
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"ENFIN. Orban quitte le groupe conservateur au Parlement européen. Vous pouvez penser que c'est une décision symbolique, mais non. L'appartenance du Fidesz à l'un des plus gros groupe du parlement offre à leurs eurodéputés des pouvoirs substantiels. Ils n'y auront plus accès désormais", s'est félicitée Terry Reintke, eurodéputé vice-présidente de l'intergroupe LGBTI.
"Un vrai bon jour pour la démocratie européenne. Le PPE ne pourra plus mettre les intérêts commerciaux avant les droits humains des Hongrois", a réagi Remy Bonny. L'activiste pour les droits LGBTQI+ en Europe fait référence aux nombreux intérêts industriels de certains allemands en Hongrie.
Les Français gênés
Les Français de droite, eux, ont déploré ce départ. Au sein des Républicains, Geoffroy Didier, s'est dit "attristé" par le départ du Fisesz. "Une famille politique doit pouvoir faire vivre des sensibilités différentes et des débats internes sans que cela tourne au drame. Un départ est toujours une défaite", a-t-il dit. La française Nadine Morano a voté contre le changement des règles du groupe. "Je continuerai à travailler avec mes collègues hongrois notamment sur les questions migratoires", a-t-elle déclaré sut Twitter.
Le leader de la droite française à Bruxelles, François-Xavier Bellamy, s'est toutefois fait taiseux pour commenter l'événement. Cet été, il a animé une conférence avec trois dirigeants européens : le président serbe, le Premier ministre slovène et... le hongrois Viktor Orban. "Ceux qui oseront me reprocher d'être allé dialoguer avec des membres de ma propre famille politique et des dirigeants européens, n’ont rien compris, je crois, à ce que doivent être l'Europe et la démocratie", disait alors le versaillais François-Xavier Bellamy.
Un pays qui attaque régulièrement les personnes LGBTQI+
Depuis 2010 et son retour au pouvoir, Viktor Orban a réduit l'indépendance des médias, a attaqué celle de la justice et mis la main sur les institutions culturelles, note Le Monde. Refusant toute immigration, le leader du Fidesz est devenu un symbole de l'extrême droite et des partis conservateurs qui n'osaient pas rompre avec lui, malgré sa ligne ouvertement europhobe.
La Hongrie de Viktor Orban attaque régulièrement les droits des personnes LGBTQI+. Dernière agression en date, et pas des moindres, un paquet législatif a été adopté. La Constitution comprend une définition restrictive du genre, et indique que le mariage est l'union d'un homme et d'une femme. Cette réforme interdit de fait l'adoption des couples de même sexe. Sur le terrain politique, le président hongrois a prononcé des mots très durs.
Alors que des contes pour enfant ont proposé une Cendrillon lesbienne, ou un·e tueur·se de dragon transgenre, Viktor Orban a considéré qu'il y a "une ligne rouge à ne pas franchir". "Pour résumer, laissez nos enfants tranquilles", a-t-il adressé à la communauté LGBTQI+ en termes menaçants.
Crédit photo : Flickr / PPE