EuropeEn Pologne, la ville de Krasnik retire sa résolution "sans LGBT"

Par Nicolas Scheffer le 30/04/2021
Krasnik

La ville de Krasnik a retiré sa résolution "contre l'idéologie LGBT". Le maire a indiqué que l'image de sa ville était dégradée et qu'elle risquait de perdre des fonds pour son développement.

Les conseillers municipaux de Krasnik ont retiré leur résolution "contre l'idéologie LGBT". Cette résolution avait été adoptée par la ville en 2019. Après trois tentatives infructueuses, Krasnik a ainsi révoqué sa résolution LGBTphobe. "Krasnik commence à être perçue comme une ville homophobe et hostile aux personnes représentant la communauté LGBT", a indiqué le maire Wojciech Wilk (Plateforme civique, "centre droit", d'opposition à la majorité présidentielle). C'était justement à Krasnik que devait se rendre Clément Beaune, secrétaire d'État en charge de l'Europe, avant d'en être empêché.

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"Une telle image a été véhiculée dans de nombreux reportages des médias polonais et étrangers, dans les déclarations d'activistes et de politiciens LGBT", a regretté le maire lors du conseil municipal, indique le quotidien local Wyborcza. Fin avril, le très influent New York Times a notamment écrit un long reportage sur les Polonais obligés d'émigrer à cause des discriminations LGBTphobes dans les zones "sans LGBT".

"Une vraie avancée"

Ces critiques ne sont pas sans conséquences : “À l’avenir, elles pourraient se traduire par des sanctions financières ou de boycott des autorités perçues comme hostiles aux personnes LGBT”, indique le maire. Le ministre français en charge des sujets européens a salué "un vrai symbole, une vraie avancée !". "Le combat continue", a jugé Clément Beaune.

En septembre dernier, la ministre norvégienne des Affaires étrangères, Ine Eriksen Soreide, a indiqué que "Les municipalités qui ont adopté des résolutions anti-LGBT ne recevront pas de soutien financier des fonds norvégiens tant que ces résolutions seront valides". La commissaire européenne à l'Égalité, Helena Dalli a suspendu des financement à six villes qui ont adopté ces résolutions. La présidente de la Commission européenne avait qualifié ces zones de "sans humanité". La ville de Nogent-sur-Oise avait décidé, en février 2020 de suspendre son jumelage avec Krasnik, indique actu.fr.

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8,5 millions d'euros de subventions en sursis

L'année dernière Krasnik avait préparé un projet pour lever 8,5 millions d'euros pour son développement économique et social. La subvention devait provenir notamment du mécanisme norvégien. Le maire a considéré que la résolution aurait empêché sa ville de l'obtenir.

La résolution, intitulée "l'autonomie gouvernementale libre de l'idéologie 'LGBT'" assurait que la ville n'a pas à "s'imposer les problèmes exagérés et les conflits artificiels provoqués par l'idéologie 'LGBT'". La ville refusait d'accepter "l'accès à l'école des personnes intéressées par la sexualisation précoce des enfants polonais conformément aux normes de l'Organisation mondiale de la santé. (...) Nous ne permettrons pas que des pressions administratives soient exercées pour appliquer le politiquement correct (notamment de la propagande homosexuelle)", rappelle Polsatnews.

 

Crédit photo : Capture d'écran twitter / Clément Beaune