Le film Departhenon, un court-métrage diffusé sur Internet, montre pendant quelques secondes une scène de sexe gay tournée en extérieur, sur l'Acropole d'Athènes avec le Parthénon en toile de fond. Une enquête a été ouverte par les autorités grecques.
Cachez cette scène de sexe gay que l'on ne saurait voir… En Grèce, le court-métrage indépendant Departhenon avait été dévoilé de façon confidentielle jusqu'à ce que, le vendredi 7 janvier, des réactions outrées braquent sur lui les projecteurs. En cause, le film, qui contient un message d'avertissement, montre durant trente secondes une scène de sodomie entre hommes tournée sur l'Acropole d'Athènes, avec en toile de fond le temple du Parthénon. Le Figaro rapporte qu'une enquête préliminaire a été lancée pour sanctionner ses auteurs qui n'auraient pas obtenu d'autorisation de tournage.
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Dans ce film de 36 minutes, disponible en streaming gratuitement, deux hommes se remémorent leurs aventures érotiques les plus intrépides. On les suit entre pérégrinations sensuelles, artistiques et militantes. Jusqu'à cette scène, donc, tournée sur l'Acropole en pleine journée, où les deux hommes apparaissent en pleine affaire, cachés par un groupe de complices qui fait écran avec les touristes naviguant entre les pierre antiques. Quelques minutes plus tôt, le groupe revendiquait cette action avec le slogan "santé, excitation et révolte !".
Un manifeste accompagne Departhenon
"Le site archéologique de l'Acropole n'est pas approprié pour la création de contenu militant ou pour n'importe quel autre type d'activité ou délit pouvant nuire au respect du monument", déclare le ministère grec de la Culture dans un communiqué reproduit par Le Figaro. Le quotidien ajoute que l'enquête doit identifier des failles dans la sécurité du site – alors que le groupe ne semble pas y être entré par infraction, mais comme tous les touristes.
Les auteurs du film, restés anonymes, ont publié un texte accompagnant le film pour expliquer leur démarche. "L'érotisme et la sexualité jouent un rôle important dans nos vies, font-ils valoir. Certains d'entre nous ont connu la violence physique et verbale en raison de nos choix et l'expression de notre sexualité et nous savons que d'autres personnes sont tuées ou emprisonnées parce qu'ils ont ce qui a été qualifié de sexualité anormale." Et les auteurs de dénoncer le patriarcat, le nationalisme et la domination dont l'Acropole serait le symbole.
"Le Parthénon est un endroit magnifique pour faire l'amour, n'oubliez pas la vue"
"Pour beaucoup, il s'agit d'un emblème du nationalisme, d'une vénération de l'Antiquité, du patriarcat, du commerce, de la culture de masse et de l'appropriation sociale", ajoutent les auteurs, rappelant la proximité entre Platon et Alcibiade dans Le Banquet. Enfin, disent-ils, "le Parthénon est un endroit magnifique pour faire l'amour, n'oubliez pas la vue (nous avons pris soin d'être à l'écart du sentier pendant les meilleurs moments), et cet endroit est encore plus beau quand il est magnifié par la présence de ces humains éclatants". C'est l'office du tourisme d'Athènes qui devrait les embaucher.
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Crédit photo : Capture d'écran Departhenon