Abo

rencontreYanis Marshall : "Les talons me donnent l’impression d’être invincible"

Par Florian Ques le 21/12/2022
Yanis Marshall est le nouveau prof de danse de la "Star Ac"

Dans le têtu· de l'hiver actuellement en kiosques, rencontre avec le prof de danse et chorégraphe de la saison 2022 de la Star Ac, Yanis Marshall, chouchou des réseaux sociaux qui a conquis les fidèles du télé-crochet avec sa gouaille et ses talons hauts.

C’est juché sur une paire de talons écarlates, un kilt à carreaux en guise de bas, que Yanis Marshall a fait son entrée fracassante, en octobre, lors du premier plateau de la nouvelle saison de Star Academy, télé-crochet légendaire de TF1 de retour après presque dix ans d’absence. “Jamais je n’aurais pensé que ça allait reprendre, confie celui qui tient désormais le rôle de professeur de danse au château de Dammarie-les-Lys, où se déroule l’émission. Quand j’étais enfant, je ne ratais jamais une quotidienne.”

À lire aussi : Louis de la "Star Ac" : "Mal chanter Céline Dion aurait été un outrage"

À 33 ans, il remplace Kamel Ouali, qui a occupé cette fonction pendant huit saisons durant les années 2000. Les deux hommes se connaissent d’ailleurs bien : Kamel a embauché Yanis comme danseur pour la série Sous le soleil alors qu’il n’avait que 14 ans, avant qu’ils ne se retrouvent sur la comédie musicale Le Roi Soleil ou encore la tournée asiatique des Dix Commandements. Mais malgré l’amitié qui les lie et leur estime réciproque, Yanis comptait bien se frayer son propre chemin : “Avec tout le respect que je lui dois, je n’avais aucune intention de refaire la Star Ac’ comme Kamel l’avait faite. Je ne lui ai pas demandé de conseils. Je n’écoute pas les conseils des gens. Je préfère me planter et apprendre de mes erreurs.”

Yanis Marshall, tête haute et talons itou

Si le grand public a découvert Yanis dans la Star Academy, sa réputation n’est plus à faire, notamment depuis qu’il a terminé finaliste, en 2014, de Britain’s Got Talent, l’équivalent de La France a un incroyable talent au Royaume-Uni. “J’avais fait une vidéo medley sur les Spice Girls, complètement gay, complètement folle, raconte-t-il. Ça m’a donné la visibilité qu’il me manquait, même si j’avais déjà une certaine popularité.” Tout s’enchaîne alors à une vitesse dingue : une de ses vidéos est partagée par Beyoncé, le Cirque du Soleil le contacte pour chorégraphier le spectacle Zumanity à Las Vegas, puis il est invité à coacher les candidates de RuPaul’s Drag Race à danser en stilettos… 

À son grand dam, toutes ces opportunités lui ont été proposées hors des frontières hexagonales. “J’ai très souvent eu le sentiment de ne pas être soutenu par la France. Jusqu’à aujourd’hui”, confie sans amertume le danseur qui a commencé à se déhancher à 7 ans dans la salle de répétition de sa mère, professeure de danse à Vallauris, petite ville de la Côte d’Azur, où il a grandi.

Son faible pour les talons, lui, est apparu plus tard, à l’aube de sa vingtaine. Alors qu’il avait rejoint New York en quête d’un nouveau départ, il s’est mis à explorer “des danses plus sensuelles”, se perchant sur des Louboutin et autres chaussures vertigineuses. “Je suis beaucoup plus sûr de moi quand j’ai des talons aux pieds, assure-t-il. Ça me donne l’impression d’être invincible. Mais ce ne sont pas les talons qui provoquent cela, c’est ce qu’ils représentent. Je n’ai jamais compris pourquoi ce n’était pas acceptable pour un homme d’en porter.” 

Gay et fier

Ce côté rebelle, transgressif, voire agressif, Yanis Marshall le cultive depuis l’enfance, où il a dû s’endurcir pour supporter l’homophobie dont il était victime : “Comme beaucoup de gays, je me suis fait critiquer, je me suis fait taper dessus, je me suis fait insulter… Ce n’était pas tout le temps facile, mais je n’ai jamais prétendu être quelqu’un d’autre. J’ai toujours été à l’aise avec ma part de féminité. Tout comme j’ai toujours assumé être homosexuel.” Une force et une fierté qui ne sont pas pour rien dans les nombreux messages qu’il reçoit, notamment sur Instagram, où il compte plus d’un million d’abonnés. “Au Pérou, je me souviens d’un gamin qui m’a couru après dans la rue en pleurant, raconte le chorégraphe. En un seul échange de regard, j’ai ressenti quelque chose, comme un vécu commun.”

Même s’il s’autoproclame “bad bitch” dans sa vie professionnelle, Yanis Marshall reconnaît avant tout être une personne émotive. On l’a d’ailleurs constaté sur le plateau de Star Academy lorsqu’un candidat a interprété “Kid” d’Eddy de Pretto, chanson qui lui va droit au cœur. “Ma sensibilité, on la voit uniquement quand on me connaît très bien, explique-t-il. Mes amis le savent, je suis quelqu’un qui, après deux verres, peut se mettre à pleurer très facilement. C’est un vrai choix de ne pas montrer cette faiblesse à tout le monde, surtout dans ce boulot, où l’on peut s’en servir contre toi.” De ces années passées à surprendre et à envoyer valser les normes, Yanis Marshall tire un message clair qu’il tient à transmettre à celles et ceux qui le suivent : “Tout le monde, aujourd’hui, est dans la comparaison, et je veux au contraire encourager le fait d’être soi-même. Je suis quelqu’un de très complexé, notamment par mon physique, mais je me sers de ça pour créer et je ne me démonte pas. Il ne faut pas avoir peur d’être le premier à tester un nouveau terrain et à s’exprimer.” ·

À lire aussi : Jeu vidéo, Mylène Farmer, porno, Philippe Besson… au sommaire du nouveau têtu·

Crédit photo : Sipa