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associationCentre d’Archives LGBT à Paris : une dernière ligne droite à un million d'euros ?

Par Tom Umbdenstock le 25/01/2023
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Alors qu'un lieu a enfin été trouvé à Paris pour accueillir le projet, une assemblée générale organisée par le Collectif Archives LGBTQI a voulu mobiliser la communauté avant la tenue, en mars, d’une table ronde de financement qui réunira État, région et municipalité.

Dans un amphithéâtre de l’Université Sorbonne-Nouvelle, ce samedi 21 janvier à Paris, plus d’une centaine de personnes ont répondu à l'invitation du Collectif Archives LGBTQI pour une assemblée générale. Avec une bonne nouvelle pour commencer : pour accueillir les futures Archives LGBT, un lieu a été trouvé par la mairie de Paris, rue de l’Ourcq dans le 19e arrondissement. Plus de 600 m2 appartenant à la Régie immobilière de la ville de Paris, et que l'association compte investir d'ici à 2024. En attendant, le collectif occupe depuis août dernier, sur l’ancien site Censier de l’Université Sorbonne-Nouvelle, un local de 71m2 accueillant des archives et un espace de réunion.

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Le dossier a bien avancé depuis l’an dernier. Entretemps, le désaccord entre les trois associations qui devaient initialement proposer un projet commun s’est soldé par un retrait des ARCL (Archives Recherches et Cultures Lesbiennes) comme de l’Académie Gay et Lesbienne. Les deux associations préfèrent rester dans leurs locaux historiques et ne se sont pas positionnées sur le nouveau lieu proposé. Hoàng Phan Bigotte, de l’Académie Gay et Lesbienne, précise à têtu· : “Nous ne nous opposons pas ni ne mettons de battons dans les roues au projet. Personne n’a le monopole des archives LGBT. C‘est bien qu’il y ait une offre plurielle". De son côté, la mairie de Paris assure vouloir apporter “tous les moyens pour que les fonds des deux associations soient protégés”. 

Un Centre d'Archives et d'expo

C’est donc libre des disputes intestines qui ont longtemps miné le dossier que le collectif a exposé samedi la façon dont il souhaite investir les futurs locaux. L'idée est d’y installer à la fois des salles de stockage et de traitement des documents, des bureaux et des espaces réception du public. Outre le projet numérique (enregistrement d’archives sonores, collecte d’archives en ligne, numérisation d’archives…) mené en collaboration avec le collectif Big Tata, les missions du centre d’archives, que le collectif veut "vivant", seraient aussi celles d’un centre culturel, avec l'organisation d'expositions ou de résidences.

Porte-parole de fait du seul collectif restant dans le projet, Sam Bourcier se satisfait de ce nouveau lieu, après avoir refusé le local proposé l'an dernier rue Molière, dans le centre de la capitale : "On demandait un autre lieu que Molière parce c’était cher et pas un quartier populaire." Il faut encore régler l'autre dossier capital du projet : obtenir un financement public à la hauteur des ambitions du Centre d’Archives LGBT. C'est sur ce sujet que se concentre l'AG, en présence de militant·es d'Act Up, du Strass, d’Acceptess-T, de Grey Pride, de l’Inter-LGBT, de l’association Bi’Cause, ou encore d'Hervé Latapie pour le Tango et Paris Gay Villages.

Quel budget pour les Archives LGBT

Le collectif estime que 800.000 euros sont nécessaires pour démarrer le projet. Un "budget d’installation" qui inclut les travaux à réaliser dans les locaux (320.000 euros), le loyer (120.000 euros), les charges et deux salariés à temps plein (un pour les archives, un pour l’administration), ainsi que les frais de communication et de développement du projet numérique. Après installation, le collectif estime que le budget baissera puis repassera à 800.000 euros minimum par an à l’horizon 2028, avec à terme l'embauche de cinq employés à plein temps. Dans l'amphithéâtre et l'enthousiasme du moment, lorsqu’Arlindo Constantino, qui anime l'AG, propose au micro d'arrondir et de "dépasser la barre des un million", la très grande majorité des personnes présentes lève la main. Va pour le million ! "L'Assemblée générale a voté, elle est souveraine", se félicite Sam Bourcier à la sortie.

Reste la question épineuse : qui va payer ? Sur ce point également, les discussions sont mieux engagées que l’an dernier. Jean-Luc Romero-Michel, adjoint de la mairie de Paris aux droits LGBT, avait annoncé que la municipalité ne souhaitait pas s’engager sans garantie que la région Île-de-France et l’État participent également au financement. Or, les trois interlocuteurs publics ont prévu de s'asseoir à la même table en mars prochain pour une table ronde des financeurs, organisée par Jean-Luc Romero-Michel. D'ici là, le projet précis du collectif doit encore être présenté aux trois institutions. En attendant, personne ne s'engage sur un montant précis, encore moins sur le million désormais réclamé.

"Pour voir combien on attribue aux grosses associations, il faut qu’on ait une idée globale du montant total alloué à différentes assos, et en faire une répartition qui soit équilibrée", nous explique Franck Aubry, conseiller de la ministre chargée de la Diversité, Isabelle Rome, qui prendra part aux discussions du mois de mars, précisant néanmoins : "Mais sur le principe, on a envie d’y aller !". “On va enfin pouvoir se mettre au boulot”, se félicite à la Région Anne-Claire Tyssandier, directrice adjointe du cabinet de Valérie Pécresse, pas plus désireuse de s'avancer plus avant. La mairie aussi attend prudemment. “Le collectif présentera son budget de fonctionnement, puis chacun se positionnera”, explique Eugénie Gangnet, directrice de cabinet de Jean-Luc Romero-Michel. En signe de bonne volonté, et pour que le dossier continue d'avancer, la mairie a d'ores et déjà annoncé avoir bloqué 300.000 euros d’investissements pour les travaux. Le projet serait-il enfin engagé dans sa dernière ligne droite ? Réponse en mars.

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Crédit photo : Wikimedia Commons