Dans le nouveau délire LGBTphobe du lobby réac, les élus du Tennessee (sud des États-Unis) ont adopté une loi interdisant le drag auprès des mineurs. Quatorze autres États pourraient rejoindre le mouvement.
Le lobby réactionnaire ne prend pas de repos, et poursuit aux États-Unis son offensive LGBTphobe avec une nouvelle cible, les drag queens. Au Tennessee, dans le sud du pays, les élus du Parti républicain ont voté le 23 février une proposition de loi visant à interdire les représentations d'artistes drag dans les lieux accessibles aux moins de 18 ans, rapporte l'agence américaine Reuters. Le texte a été promulgué ce jeudi 2 mars par le gouverneur, ce qui fait du Tennessee le premier État américain à prendre une telle mesure. Quatorze autres, également à majorité républicaine, ont annoncé vouloir lui emboîter le pas, et ont d'ores et déjà déposé une vingtaine de propositions législatives anti-drag queens.
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Le texte voté par les élus de la Chambre des représentants du Tennessee prévoit d'interdire les "spectacles pour adultes" ouverts aux enfants, mais aussi tous ceux qui se tiendraient dans l'espace public. Or, sont concernés par cette qualification les spectacles "de danse torse nu, de gogo dancing, de danse exotique, de strip-tease et de travestissement"… La première infraction est considérée comme un délit mineur mais, en cas de récidive, les artistes encourent jusqu'à six ans de prison ! Cette nouveauté législative est nourrie par la rhétorique éculée du lobby réactionnaire, très en forme aux États-Unis : ainsi, selon le chef de la majorité républicaine du Tennessee, Jack Johnson, les parents auraient besoin d'être rassurés et de ne pas, lorsqu'ils emmènent leurs enfants au théâtre, être "pris au dépourvu par une performance sexualisée".
Les réacs au taquet contre les LGBT
Qu'on ne s'y trompe pas : derrière ces "performances sexualisées", ce sont bien les lectures de contes, ateliers de maquillage et autres spectacles animés par des drags qui sont visés, bien qu'ils soient évidemment adaptés selon l'âge des enfants. À l'origine de cette loi, on trouve la protestation d'un sénateur républicain, Chris Todd, qui a saisi la justice pour faire interdire un spectacle "family-friendly" à l'occasion d'une Marche des Fiertés en 2022, rappelle le Tennessean. L'élu y voit une forme de "maltraitance des enfants", tandis que les groupes masculinistes de type "Proud Boys", qui occupent régulièrement la rue en tenue paramilitaire pour intimider les familles qui iraient voir ces lectures, c'est ok.
Artistes et militants ont condamné cette nouvelle offensive législative LGBTphobe. "Discriminer les performances de drag est contraire au Premier amendement et notre droit constitutionnel à nous exprimer sur scène et en-dehors", a dénoncé la branche locale d'ACLU, l'une des principales associations de défense des droits humains aux États-Unis. "Notre combat n'est pas terminé. Nous ne laisserons pas le gouverneur Bill Lee ou tout autre politiciens anti-LGBTQ+ s'en tirer avec ces attaques", a déclaré sur Twitter l'association Human Rights Campaign. GLAAD, autre asso LGBTQI+, a recensé l'an dernier quelque 141 actes d'intimidation dans le pays autour d'animations de drag queens. Malgré l'échec de Donald Trump à se faire réélire, les conservateurs se sentent pousser des ailes, multipliant les lois anti-LGBT dans la mouvance "Don't say gay", qui vise à interdire de parler d'homosexualité ou d'identité de genre à l'école, et se réplique un peu partout dans les États républicains.
En France aussi, l'offensive anti-drag commence à faire tache d'huile. Dernier épisode en date, après une première polémique à Bordeaux, la mairie de Toulouse a interdit aux moins de 18 ans un atelier de lecture de contes pour enfants.
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[Mise à jour le 3 mars : le gouverneur du Tennessee a promulgué la loi]
Crédit photo : Bryan Olin Dozier, Nur Photo/AFP