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sexoCandaulisme : "Il y a une forme de fierté à mettre mon mec à dispo"

Par Nicolas Scheffer le 06/10/2023
Candaulisme

[Article à retrouver dans le têtu· disponible en kiosques, ou sur abonnement] Le monde se divise en trois catégories : ceux qui prennent les choses en main, ceux qui veulent qu’on leur dicte quoi faire, et enfin ceux qui bandent dur quand un autre prend leur mec. Un adepte du candaulisme nous dévoile une pratique de domi contemplateur.

Comment as-tu découvert que tu kiffes regarder ton mec se faire sauter ?

Avec mon copain, on était au sauna, et je me suis rendu compte que j’adorais choisir qui aurait le droit de prendre mon mec. Ce n’est pas juste le voir baiser qui m’excite ; j’aime le sentiment qu’il m’appartienne au point de pouvoir le partager avec qui je veux. Depuis, on est passé du sauna à la maison. Régulièrement, mon copain ne découvre qu’une fois dans le lit le garçon qui va le prendre…

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Tu as plus l’impression de donner ton mec à un autre ou d’offrir un plan à ton mec ?

Je le mets clairement à disposition. Il y a une forme de fierté à présenter mon mec, sa beauté, sa capacité à encaisser. Voir les autres en pâmoison devant lui, ça donne un coup de fouet à mon ego : je vois dans le kiff des autres la valeur de ce que j’ai à la maison. Et puis, n’étant pas du tout passif, ça me met de manière furtive à la place de mon copain. D’ailleurs, le troisième luron me plaît parfois davantage qu’à lui. Ça m’arrive aussi de proposer à mon mec un actif qui m’a chauffé sur Grindr sans remarquer qu’on était "incompatibles". 

Ah oui, c’est vraiment toi qui décides de tout…

C’est moi qui décide de A à Z à quelle sauce mon mec va être mangé – ça stimule l’imaginaire d’ailleurs. Mais même si c’est lui qui baise, c’est quelque chose qu’on partage tous les deux, car j’anticipe comment il pourrait prendre son pied. Il se fait prendre sur la base de ce que j’ai en tête. C’est une pratique très domi dans laquelle il est au centre de l’action sexuelle, et moi aux commandes.

Et toi tu restes dans ton coin ? Tu n’as jamais envie de participer ?

La plupart du temps je suis présent, mais je ne participe pas directement. Je me mets en retrait, je m’avachis dans un fauteuil et je me masturbe. Parfois, je ne me branle même pas, je reste en sous-vêtements, je suis dans une position de voyeur. Si notre invité est passif, il peut m’arriver de le prendre devant mon mec qui, lui, se branle à côté, mais c’est plus rare. Souvent, le troisième tente de me faire venir dans le lit, mais mon excitation tient justement au fait de ne pas participer directement.

Tu t’es déjà senti en compétition avec le troisième ?

Pas vraiment : il n’est que de passage, dans une position d’invité que l’on accepte de recevoir le temps d’une soirée… Le vrai sujet, c’est comment je jouis ; c’est un peu frustrant d’éjaculer tout seul. Pendant longtemps, j’aimais bien finir dans mon mec et au même moment que lui, après que le troisième eut envoyé la purée. C’était une manière pour moi de marquer mon territoire. Quoi qu’il en soit, je jouis toujours en dernier. Ça m’est arrivé de décharger dans la bouche du troisième, mais c’était exceptionnel !

Et vous faites des choses un peu différentes ? Ou c’est pareil que quand vous êtes juste tous les deux ?

Ça peut m’attirer de voir mon mec essayer des pratiques qui ne fonctionneraient pas avec moi. Par exemple, il aime avoir les yeux bandés, mais après huit ans de vie commune, le faire tous les deux, sans ce petit frisson de l’inconnu, n’aurait pas vraiment le même sens. Avec un autre garçon, par contre, ça le rend dingue, et de mon côté ça renforce mon sentiment de contrôle. Et puis comme ça l’excite de me faire bander, il se donne d’autant plus. C’est un cercle vertueux.

L’objectif c’est de pimenter votre vie de couple ?

Je considère le candaulisme comme une pratique sexuelle en soi qui s’inscrit dans une complémentarité. Être sous le regard de l’autre, c’est une sacrée marque de confiance. Ça me semble utile à notre sexualité et ça vivifie notre couple, même si ça peut m’arriver de le pratiquer avec d’autres personnes que mon copain.

Et tu n’es jamais jaloux ?

Pas vraiment, puisque c’est moi qui ai choisi le gars qui va le faire grimper aux rideaux. D’une certaine manière, par procuration, c’est moi qui donne du plaisir à mon mec. Je considère le troisième comme un objet sexuel, un gode très très élaboré.

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