mondeNigeria : 76 "homosexuels présumés" arrêtés pour avoir organisé un "mariage gay"

Par têtu· avec AFP le 24/10/2023
Manifestation au Kenya en solidarité avec les LGBT du Nigeria

Le pays le plus peuplé d'Afrique poursuit sa chasse anti-gay.

"Nous avons appréhendé 76 homosexuels présumés lors d'une fête d'anniversaire organisée par l'un d'entre eux qui devait épouser son fiancé lors de l'événement." Au Nigeria, les forces de sécurité étaient fières d'annoncer l'arrestation, ce samedi 21 octobre, de plus de 70 jeunes accusés d'avoir organisé un mariage gay dans un pays où, en vertu d'une loi de 2014, l'union entre personnes de même sexe est illégale et passible de 14 ans de prison.

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Les intimidations envers la communauté LGBT+ sont légion dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, le plus peuplé du continent avec plus de 200 millions d'habitants. Ces dernières années, les forces de sécurité ont ainsi organisé de nombreuses descentes lors de fêtes abritant selon eux des mariages. En août, la police avait arrêté plus d'une centaine d'hommes dans des circonstances similaires dans le sud-est du pays. En décembre dernier, 19 hommes et femmes âgés d'une vingtaine d'années avaient été arrêtés à Kano, la plus grande ville du nord du Nigeria, par la police islamique, appelée Hisbah, sous la même accusation d'avoir organisé un mariage gay. Les suspects ont été réprimandés et remis en liberté sans être traduits en justice.

Harcèlement anti-LGBT

L'État de Gombe, où les arrestations ont eu lieu samedi, est également l'un des États du nord du pays à majorité musulmane où la charia islamique s'applique parallèlement au système judiciaire fédéral et à celui de l'État. Dans la charia, les relations homosexuelles sont passibles de la peine de mort. Cette sentence n'a toutefois jamais été appliquée dans le nord du Nigeria. Le porte-parole du Corps de sécurité et de défense civile du Nigeria (NSCDC) a refusé de préciser si les suspects arrêtés samedi, 59 hommes et 17 femmes, seraient inculpés en vertu de la charia ou du droit commun.

Depuis la ratification en 2014 de la loi sur l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe, l'organisation de défense des droits humains Amnesty International appelle à la fin de cette "chasse aux sorcières". "Dans une société où la corruption est endémique, dénonce-t-elle, la loi interdisant les relations entre personnes de même sexe est de plus en plus utilisée à des fins de harcèlement, d'extorsion et de chantage par les forces de l'ordre et d'autres membres du public."

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Crédit photo : Simon Maina / AFP