Loin des clichés du mâle dominant, le court documentaire de l'émission Tracks sur Arte La Fesse cachée du nu masculin nous donne à voir le corps masculin dans ce qu'il a de plus sensuel.
Quand on pense homme sexy, on pense à Sylvester Stallone dans Rocky ou Rambo, à Michael B. Jordan dans Creed, Arnold Schwarzenegger à son apogée de Monsieur Univers ou encore à tout le catalogue de héros Marvel. Ok, c'est sexy, mais c'est ni très beau ni vraiment sensuel. Au contraire, les corps sculptés du calendrier des Dieux du stade nous font beaucoup plus rêver : les hommes y étant érotisés dans une posture plus ou moins lascives. Pour déconstruire la représentation oh combien simpliste de l'homme viril, puissant et conquérant qui fait loi dans l'imaginaire commun, le documentaire La Fesse cachée du nu masculin, disponible sur Arte.tv, challenge en à peine dix-huit minutes notre perception de l'érotisme au masculin. La journaliste Célia Laborie y rend compte de trois initiatives pour changer notre regard sur le corps des hommes et ce qui est désirable.
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Les artistes gays, tels que les photographes Pierre et Gilles ou encore le dessinateur Tom of Finland, n'ont attendu personne pour érotiser le corps masculin. Et le documentaire s'appuie justement sur ce regard homosexuel et ses représentations qui infusent l'imaginaire du grand public. Ainsi, l'artiste gay iranien Alizera Shojaian, fasciné par la nudité masculine dans ce qu'elle a de sexy mais aussi de fragile et de mélancolique, montre la désidérabilité du corps des hommes loin des figures façonnées pour la violence et le combat.
Les guerriers se cachent pour pleurer
On retrouve aussi le travail du photographe Marc Martin, apprécié de têtu· pour son travail sur les corps masculins, et ses deux ouvrages Beau menteur et Les Tasses, ce dernier mettant en lumière le rôle historique des urinoirs publics dans les rencontres et la sociabilité gays. En 2023, à travers l'exposition, "Je suis comme je suis. Et alors ?!", l'artiste questionnait le rapport au genre et à l'intimité du corps queer masculin en compagnie du performeur @personne_public. Cette année, son objectif s'est attardé sur Mathis Chevalier, hétéro et ancien champion de MMA, un sport de combat qui magnifie la virilité et l'abnégation face à la souffrance. "L'homme se positionne souvent en tant que chasseur […], pas en tant que personne qui peut se laisser désirer", résume le modèle, qui s'est prêté au jeu et n'a pas hésité à monter sur une paire de talons. Sous le regard de Marc Martin, il joue de sa virilité, la détourne à foison, quitte à la renier et à se montrer vulnérable.
Et dans l'intimité, ça donne quoi ?
Le documentaire interroge aussi la façon dont les hommes se voient et se mettent en scène dans l'intimité pour susciter le désir. C'est dans cette optique que le collectif Lusted men a collecté des selfies et autres photos érotiques que leur ont envoyés des garçons. "Si les rapports de force entre les genres sont ce qu'ils sont aujourd'hui, c'est aussi parce qu'on a été imbibés et nourris par une culture visuelle qui nous montre comment ces rôles-là doivent être joués", expliquent les coordinatrices du projet, qui s'attendaient à recevoir beaucoup de dick pics… Au lieu de cela, de nombreux hommes se sont photographiés durant la période du covid en train d'accomplir des tâches domestiques de façon sensuelle.
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Crédit photo : Marc Martin, Arte